- Accueil
- Grand Est
- Alsace
- Culture
- Patrimoine
- Halloween en Alsace 5/5 : les hommes de feu de Balbronn
Halloween en Alsace 5/5 : les hommes de feu de Balbronn
Pierre Nuss finit sa semaine de légendes d'Halloween avec celle des hommes de feu de Balbronn. Méfiez-vous de ce que vous souhaitez...

Ce week-end, vous fêterez peut-être Halloween entre amis, en familles, tournerez en dérision les croyances d’antan. Ces croyances sont là pour quelque chose, et bien malin celui qui croit pouvoir rationnellement expliquer tout l’univers qui nous entoure. En alsacien, on dit “Mol d’r Deifel net àn d’r Wànd”, ne dessine pas le diable sur le mur, effectivement, il pourrait montrer un sabot. Tout comme dans cette légende de Bàlwere, Balbronn, entre Traenheim et Oberhaslach, terre de nombreuses légendes.
L'automne était arrivé depuis plusieurs semaines et à nouveau, les habitants du village avaient repris la tradition de la Kunkelstub - la veillée. C'est entre voisins qu'on se retrouvait pour travailler et meubler le temps en se racontant des histoires parmi les plus extraordinaires. Et, bien évidemment, on parla à nouveau des Fiirmanner, les hommes de feu, de ces êtres qui errent sans fin dans les campagnes, leur corps se consumant sans cesse dans un effrayant brasier. Sans doute s’agisssait-il de personnes défuntes portant un crime trop lourd pour leur conscience, et qui ne pouvaient s'endormir dans la paix du Seigneur. Un soir, les jeunes du village se donnèrent rendez-vous à leur tour à l'occasion d'une « Kunkelstube ». On joua aux devinettes, avec un gage à la clé pour chaque réponse fausse. Chacun avait bien sûr cette légende en tête.
Un des jeunes se vit imposer un gage un peu particulier : il devait inviter un homme de feu à venir l'embrasser. Chacun pensait qu’il se dégonflerait, que non, tout de même, on ne joue pas avec ça. Courageux comme pas un, le jeune homme se pencha aussitôt à la fenêtre de la Stùb pour crier dans la nuit : « Homme de feu, embrasse-moi ! ». Trois fois il le répéta, toujours plus fort. A l'instant même, où, fier comme un paon, il refermait la fenêtre, on entendit dehors un pas lourd dans le gravier de la cour. Des chaînes semblaient être trainées autour de lui, comme si le Hans Trapp avait pris de l’avance. Les pas approchaient, inexorables, puis ! Un bruit sourd contre la porte. Dans la chambrée, un silence glacé régna, la jeunesse de Balbronn n’osait plus bouger. Surtout pas celui qui avait crié. Quand enfin, certains courageux osèrent ouvrir la porte pour voir ce qui pouvait bien se passer sur le palier, ils virent, profondément brûlées dans le bois de la porte, les traces de deux mains humaines, les doigts écartés. Le bois incinéré avait résisté, mais l'homme de feu était bel et bien venu ! Méfiez-vous de vos bravades et de vos souhaits, parfois, ils se réalisent.