PHOTOS - Un abri anti-aérien a été découvert sous un square près de la gare de Nice
Sous le square du Lieutenant Colonel Jean Pierre près de la gare de Nice, des travaux ont mis au jour le 26 février dernier un abri anti-aérien. Ce tunnel bétonné en forme de zig-zag de 63 mètres de long pouvait accueillir une centaine de personnes, au moment des alertes.
Après la mise au jour d'un abri anti-aérien, les services d'archéologie de la métropole de Nice ont exploré un tunnel bétonné qui servait d'abri aux Niçois. C'est une galerie longue de 63,48 m et haute de 1,80 m. Tout est en béton armé, le sol comme les parois. Ce sont les usages en cours pour l'architecture dite de "défense passive". Selon Alain Grandieux, archéologue au service d'archéologie de la métropole Nice Côte d'Azur, l'ouvrage date des années 30.
À chaque alerte, des dizaines de Niçois trouvaient refuge dans les couloirs de cet abri. Et comme les bombardements pouvaient durer, des lieux d'aisance ont été prévus, ainsi qu'un puits d'aération. L'entrée et la sortie sont distantes de 20 mètres et le tunnel a une forme arrondie, plus large à mi-hauteur.
Reportage Visite de l'abri
Une forme de zigzag pour davantage de sécurité
Tous les dix mètres, virage à gauche puis à droite. Alain Grandieux souligne que les édifices de la défense nationale sont tous construits en zigzag. En ligne droite, s'il y a une explosion dans un endroit confiné, l'explosion va avoir lieu sur toute la longueur de la galerie. En revanche, en créant des zigzags, on stoppe l'explosion par endroits.
Structure en zig zag
L'abri est construit sous un jardin, une pratique courante
Cet abri est situé dans une zone stratégique puisqu'on est à l'arrière de la grande gare ferroviaire de Nice. C'était une position de choix pour les bombardements alliés pour couper le ravitaillement allemand. C'est pourquoi, selon l'archéologue, la présence d'un abri à cet endroit n'est pas due au hasard.
"Les abris sont répartis par quartier."
Au moment d'un bombardement, les membres de la défense passive étaient reconnaissables par leur casque et par le brassard qu'ils portaient dans les quartiers. Ils incitaient les gens à se diriger vers le bon abri. Ce genre d'ouvrage était souvent construit sous des jardins publics.
Abri sous un jardin
Quel avenir pour l'abri anti-aérien ?
Le tunnel fait dorénavant partie du patrimoine de la Ville de Nice, il va être conservé, mais il ne sera plus visible. Il faut donc en garder des traces pour le montrer au public. Une des possibilités serait d'installer un panneau dans le jardin, avec des textes et des photos montrant l'ouvrage. Une réalisation en 3D va permettre aux gens de voir et de mieux comprendre qu'une représentation en 2D.
Des dalles seront mises par-dessus puis l'abri sera fermé et scellé. Si un jour il faut y retourner, "on pourra y retourner" précise Alain Grandieux. Des inscriptions érotiques ont été laissées par les ouvriers de terrassement qui ont construit l'ouvrage. Des mots écrits à la mine de carbone, ce qui ne laisse guère de doute sur l'époque.
Un abri qui pose des questions
L'abri a été identifié comme un ouvrage typique de la défense passive, mais l'archéologue va continuer son enquête. Il va consulter les archives, même si la forme particulière du lieu et la modernité des matériaux ne lui laissent que peu de doutes.
Enquête archéologique
À Nice, l'abri du square du Lieutenant Colonel Jean Pierre est le seul à être en si bon état de conservation. Les autres abris ont été démolis. En plus de 10 ans, le service archéologique de la ville de Nice a fouillé, diagnostiqué et prospecté plus de 100.000 m² de terrain.