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Violée par son père, Eva Thomas brise le silence 30 ans plus tard. Elle se raconte dans Le viol du silence
Un père aimant qui compensait la froideur maternelle. Mais une nuit tout bascule, c'est la descente aux enfers. Comment survivre au crime commis par celui qui était son père, son repère. Première victime d'inceste à avoir témoigné à visage découvert, Eva Thomas se raconte dans Le viol du silence.
Fondatrice de SOS Inceste à Grenoble, à près de 80 ans, Eva Thomas poursuit son combat.
Le viol du silence, un récit qui a ému Simone de Beauvoir
C'est une petite fille qui lui raconte le viol qu'elle subit régulièrement par son père qui décide Eva Thomas à publier son histoire.
Hélas, elle rencontre une hostilité générale. Dans les années 80, les psychanalystes, psychothérapeutes crient au fantasme. Freud n'est pas loin. Et puis, il est normal de coucher avec son père !
Les éditeurs refusent de publier son livre. Elle sollicite Yvette Roudy.
La ministre des droits de la femme est réceptive. Elle adresse le manuscrit à une autre grande figure du féminisme, Simone de Beauvoir.
Réponse, "Simone de Beauvoir a lu votre témoignage, elle le trouve très intéressant".
L'auteure rencontre la psychanalyste *Marie Balamary, cette dernière entend sa parole et la soutient. Son livre va enfin être publié. Les éditions Fabert viennent de le rééditer.
Un récit bouleversant mais porteur d'espoir
Après un long silence, Eva Thomas se raconte sans filtres. Une enfance joyeuse malgré la pauvreté et une mère épuisée, froide. La petite Marie (son prénom de baptême) va inventer une révélation de la foi pour poursuivre des études dans un institut religieux. Seule possibilité pour les familles démunies.
Elle évolue dans un milieu austère mais son appétit d'apprendre la rend invincible. Jusqu'à ce que son père commette l'irréparable.
C'est la descente aux enfers, anorexie, stérilité dépression. Puis l'engagement auprès des enfants en tant qu'institutrice puis rééducatrice en psychopédagogie.
Sortir du silence pour sortir de l'enfer.
Eva Thomas a longtemps travaillé dans le domaine de l'enfance, institutions de sauvegarde, écoles, etc. Elle les a aidés à se délivrer du poids de leur souffrance à travers l'imaginaire, le dessin, les histoires, le théâtre, toutes sortes d'activités créatives.
La réparation est possible mais il faut que les victimes parlent, trouvent une écoute, une oreille bienveillante.
Eva Thomas s'est battue pour l'allongement du temps de prescription. Elle a participé à l'élaboration d'une loi qui protège les mineurs.
Son livre Le sang des mots vient d'être réédité aussi.
* Marie Balamary signe la préface du livre.