L’Affaire François Garat - Toit d'Asile, épisode 4

Surnommé par certains le prêtre « contrebandier », François Garat est une figure respectée et aimée dans son diocèse. Ordonné prêtre en 1970, il fait ses premières armes au séminaire français de Rome où il se distingue en dessinant moustaches et lunettes sur les portraits muraux d’anciens séminaristes. Intègre sur ses principes religieux, « Frantxoa » rentre au pays, au grand séminaire de Dax où il fait la connaissance de Pierre Molères qui deviendra plus tard son évêque. Les deux hommes s’apprécient et s’estiment. Une amitié ô combien précieuse tandis que le curé d’Espelette croupit au fond d’une cellule de la région parisienne. Au village d’Armendaritz, sa première paroisse, on se souvient que l’abbé Garat commença par supprimer les vêpres, joua au rugby sous le maillot d’Hasparren, son village natal, et anima un groupement foncier agricole où il défendit les métayers contre les propriétaires. Le faible contre le fort, son éternel crédo.

Un curé au service de son territoire

En 1977, François Garat approfondit davantage son amour pour sa terre et son peuple. Il fonde avec quinze autres prêtres l’association Herriarekin (avec le peuple), un groupe de réflexion politique et théologique qui prend publiquement position sur la cause basque. Sa forte personnalité l’amène à exprimer haut et fort ses convictions tantôt en protestant contre l’extradition des réfugiés en Espagne, tantôt en défendant l’apprentissage de la langue à l’école ou l’amnistie des prisonniers basques. Selon François Garat, l’église occupe une place majeure car elle demeure le seul lieu public où la langue maternelle a le droit de cité, « les curés y chantent et sermonnent en basque » aime-t-il à rappeler. A l’évêché bayonnais où il a ses entrées, l’abbé emprisonné a un soutien de poids en la personne de Mgr Molères, lequel défend sa personnalité, son intelligence, sa générosité. « L’abbé Garat n’est pas une brebis galeuse » prévient-il.