Comment encourager ses enfants à quitter le cocon familial ?
On les appelle les Tanguy. Ces jeunes adultes tardent à quitter le domicile familial pour s’installer dans leur propre chez eux. Ils ont fini leurs études et deviennent envahissants pour leurs parents. Comment les encourager à prendre leur envol ? Frédérique Le Teurnier cherche des réponses.
En 2001, le film Tanguy réalisé par Etienne Chatiliez a mis un nom sur un phénomène de société qui concerne de nombreux parents. Il raconte l’histoire d’un jeune homme de vingt-huit ans qui vit encore chez ses parents alors qu’il pourrait tout à fait s’assumer. Il fréquente le domicile familial comme un hôtel et ses parents, de plus en plus agacés de sa présence, vont tout faire pour le pousser dehors.
Pourquoi, une fois devenus grands, nos enfants refusent-ils de quitter le cocon familial ? Est-ce parce qu’ils se sentent trop bien à la maison ? Comment faire pour éviter la crise de nerf quand on est parent ?
Corinne Maier est psychanalyste. Elle publie le livre Dehors les enfants aux éditions Albin Michel. Elle y raconte sa propre expérience en livrant son regard sur l’éducation, les jeunes et le dur de métier de parents.
Dans C’est déjà demain, elle partage des clés pour débloquer la situation.
Arrêter d’être des parents trop gentils
Ces jeunes adultes qui restent vivre chez leurs parents sont 14 millions en Europe. Ce sont des jeunes sans emploi, qui n’étudient pas. Ils sont renfermés sur eux-mêmes, ne sortent pas beaucoup et ne recherchent pas la compagnie des autres. Surtout, ils sont perdus face à l’avenir et ne savent pas ce qu’ils veulent.
Parler avec eux ne sert pas à grand-chose. A la question « Qu’est-ce qui t’intéresse ? », « Qu’est-ce que tu aimerais faire », la réponse est toujours la même : rien.
On a tout essayé avec lui : la bienveillance, la fermeté, la colère. Il n’a pas d’arguments quand on discute avec lui - Céline
Une des pistes à explorer quand on se retrouve démunis en tant que parents face à cette situation est d’arrêter d’être trop gentil avec son enfant. Quand l’enfant qu’on a élevé grandit, on continue sur la même lancée en s’occupant de son linge et en faisant ses courses. Pourtant c’est une erreur. Au contraire, il faut lui faire comprendre qu’il n’est qu’un invité et que sa présence n’est que temporaire.
Aussi, l’éloignement forcé peut avoir du bon. Réfléchir avec eux à faire une formation qui ne soit pas dans la même ville ou la même région est une solution à envisager.
Tous les jours, c’est des disputes. Tous les jours, je me dis que je vais le mettre dehors. Un mal pour un bien - Marie-Christine
Selon Corinne Maier, les parents de jeunes adultes seraient confrontés à cette situation aujourd’hui car ils ont élevé leurs enfants dans trop de bienveillance. L’éducation positive qui encourage l’enfant depuis tout petit n’a peut-être pas que du bon.