Trou

Il est vrai qu’en premier, associer le mot trou à une région fait penser au trou normand, mais ce serait oublier qu’il existe aussi le trou gascon, une liqueur à base d’Armagnac blanc, blanc parce qu’il sort de l’alambic translucide comme de l’eau. Le trou gascon qui est aussi le nom du restaurent d’Alain Dutournier. 

En fait, en gastronomie, le trou est bel et bien défini dans nos dictionnaires par exemple, dans le Trésor de la langue française en tant que "pause au cours d’un repas permettant d’absorber une petite quantité d’alcool pour faciliter la digestion”. Il s’agit d’une eau de vie d’un certain degré, parfois accompagnée d’un sorbet, et qui redonne de l’appétit. C’est une tradition française de longue date, alors si le trou normand est sans cesse évoqué, place au "trou gascon”. 

Le mot trou a aussi d’autres sens liés au fait de se restaurer. Un trou est ainsi défini comme une "Personne qui boit et mange bien”, le trou désignant un orifice dans le corps, ici notre bouche, notre palais.  

Zola, en 1878, évoque un personnage invité dans les pique-niques, qui se faisaient à l’époque dans une auberge : "à cause de la tête du marchand en voyant ce sacré trou-là avaler ses douze livres de pain”. En 1640, on disait d’un gourmand qu’il avait un trou sou le nez. Dès 1650, on a dit boire en trou pour boire beaucoup avant de dire boire comme un trou. 

Alors d’où vient le mot trou ? Il est probablement gaulois, ce qui tombe bien puisqu’ils étaient réputés avoir un bel appétit, passé en latin sous la forme traucum. On dit encore un trauc dans les dialectes du sud, et finalement ce fut en français trau au XIIe siècle puis trou au siècle suivant.  

Bien, alors si vous avez un trou de quelques heures vers midi, tous au Trou Gascon. Il sera magnifiquement et gastronomiquement rempli !