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Esbroufe et Système D
Des mots inspirés par le livre d’Elvira Masson “Dans ma cuisine” sorti le 13 octobre dernier
J’ai vraiment apprécié ces formules d’Elvira Masson "cuisine du plaisir et du système D, voyageuse et sentimentale" mais aussi une cuisine "sans esbroufe". Et dans le fond, ces deux grandes qualités que sont l’absence d’esbroufe et le fait de trouver le moyen d’être habile, d’avoir un système D, font intervenir deux mots qui peuvent paraître mystérieux.
Commençons par l’esbroufe. D’abord, rappeler qu’il n’y a qu’un seul f, j’ai de mon côté la fâcheuse habitude d’en mettre deux, sans doute en pensant à la bonne bouffe. L’esbroufe désignant les manières fanfaronnes de la personne qui se donne un air important vient du provençal, signifiant au départ un coup de force. L’origine en est le verbe italien sbruffare, asperger par la bouche et le nez, ce n’est pas très ragoutant. Alors surtout pas de cuisine à l’esbroufe mais en toute simplicité.
Et puis il y a le "système D”, D comme “débrouille” ! L’origine de l’expression plaisante système D se trouve d’ailleurs dans la dernière édition du Dictionnaire de l’Académie à la lettre D ainsi définie : “Pratiquer le système D, avoir recours au système D, savoir se débrouiller par des moyens de fortune, se tirer d’affaire avec ingéniosité”.
C’est aussi à la lettre D qu’on trouve dans le Trésor de la langue française du CNRS achevé en 1994 Système D [qui vient] de se débrouiller, débrouillard. L’expression semble être née vers 1916 en partant de la “débrouille”. Au Congo-Kinshasa, pour évoquer le système D, très curieusement pour nous, on parle de “l’article 15”, “N’hésitez pas, employez l’article 15” dit-on pour débouillez-vous. En fait c’est venu de la Constitution de l’État séparatiste du Sud-Kasaï, disposant que chacun devait se débrouiller... On est là loin de la cuisine ! Mais quoi qu’il en soit, sans esbroufe, avec talent, on suit sans hésiter Elvira Masson.