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Hélène Legrais nous raconte la fermeture des cinémas en 1914

À retrouver dans l'émission
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Retour sur le début de la guerre 1914-1918.

Hélène Legrais
Hélène Legrais © Radio France - Sébastien Giraud

Nous remontons le temps jusqu’au 21 octobre 1914 …

La guerre que cet été on imaginait brève, juste quelques semaines, se prolonge. Dans les tranchées mais aussi à l’arrière : la vie qui s’était tout simplement arrêtée, reprends peu à peu mais certaines questions se posent. Par exemple : a-t-on le droit de se divertir pendant que nos soldats se font trouer la peau au front ? A Perpignan, les cinémas sont dans le collimateur. Ils ont été fermés au moment de la mobilisation. Faut-il les rouvrir ?

Il y a ceux qui sont pour : puisque le gouvernement lui-même recommande aux français de revenir partout où cela est possible à leur vie normale, il n’y a aucune raison pour ne pas permettre aux braves gens qui le souhaitent de retourner au cinéma chercher « un délassement innocent et instructif aux fatigues de leur travail et un dérivatif aux soucis qu’inspire la situation générale » (plaident-ils dans l’Indépendant). Et en plus, il faut bien permettre au personnel qui travaille dans ces établissements de gagner sa vie ! Il ne faut pas maintenir les gens dans un état de tension nerveuse. Ils sont sous pression. Pour éviter l’explosion, il faut une soupape !  

Mais je suppose qu’il y en a qui sont contre …

Avec d’autres arguments : le public a déjà du mal à faire face aux besoins indispensables de l’existence pour ne pas gaspiller le peu qu’il a pour des plaisirs superflus. Et puis c’est une question de morale : « que ceux qui restent à l’abri aient au moins la pudeur d’avoir une attitude recueillie devant ceux qui versent héroïquement leur sang sur la ligne de feu ! »

Face à ce dilemme, les autorités sont bien embêtées. Le maire de Perpignan, Joseph Denis, se déclare contre. L’Indépendant suggère une solution qui satisferait tout le monde : rouvrir les cinémas et qu’une partie de la recette soit versée à la Croix-Rouge pour les blessés. Ainsi les spectateurs pourraient s’y rendre sans remord, en sachant qu’ils font en même temps une bonne action. 

Et il n’y a pas que le cinéma qui est concerné …

Dans son établissement, Le Castillet, qui a ouvert ses portes le 7 novembre 1911, Joan Font, un Barcelonais, possède aussi une piste de patinage à roulettes. On appelle ça du skating. Il l’a rouverte. Mais des jeunes gens s’y sont amusés trop bruyamment, les autorités militaires la font immédiatement refermer. Certains bien-pensants vont jusqu’à s’en prendre aux femmes faisant preuve de coquetterie et s’habillant de toilettes trop luxueuses et voyantes. Un manque de cœur et de solidarité patriotique !

Et dire que ça ne fait que commencer …       

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