Le tour du monde de Jacques Séguéla raconté par Hélène Legrais

Aujourd’hui nous allons faire le tour du monde …

… avec quelqu’un qui a toujours débordé d’idées. Vous le connaissez pour ses slogans dont le fameux « La force tranquille » qui a mené François Mitterrand à la Présidence, mais tranquille il ne l’a jamais été : Jacques Séguéla issu d’une famille de médecins d’Amélie les bains a connu une jeunesse tumultueuse. Il est même renvoyé de chez les Jésuites pour avoir agressé un de ses surveillants avec une fourchette ! Il termine ses études au lycée Arago de Perpignan mais doit s’y reprendre à deux fois pour décrocher son bac. Difficile pour médecine, son père l’envoie en pharmacie mais Jacques à la bougeotte. En doctorat, il a 24 ans, il propose à ses maîtres de stage de réaliser une étude de marché sur les plantes médicinales rares et pour ce faire se lance avec un copain, Jean Claude Baudot, dans un tour du monde en Deudeuche ! Il réussit à se faire sponsoriser par Citroën et en octobre 1958, les deux compères s’élancent pour un périple de plus de 100 000 km qu’ils vont parcourir en 400 jours au volant de leur 2CV AZLP (pour les spécialistes) : 80 000 km en voiture et plus de 20 000 km en bateau pour traverser une cinquantaine de pays. 

Il a dû leur en arriver des choses !

Huit déserts, 350 nuits à la belle étoile et 2 247 heures au volant, on peut dire ça oui ! Chargés par un éléphant au Congo, dévalisés à Johannesburg par la pègre des mines d’or, heurtant de nuit un tigre royal près de Delhi, dans la boue jusqu’au cuisse sous les trombes d’eau à la recherche de la rivière Kwaï, pillés en Thaïlande par des pirates birmans, mannequins vivants dans une vitrine au Japon, traversant le Pacifique dans les cales d’un cargo, partageant la vie des SDF de San Francisco, sans eau et sans nourriture sous le soleil brûlant du Grand Désert Salé, ce qui fera perdre momentanément la vue à Jean Claude Baudot … Quand leur 2CV tombe en panne, ils la réparent comme ils peuvent, vendent certaines pièces détachées pour manger, chassent, pêchent … ou jeûnent ! Un mélange de Pékin express et de Koh Lanta ! 

Avec déjà un sens aigu de la communication, ils n’oublient cependant pas de photographier, filmer leurs aventures. Après leur retour, 13 mois plus tard, en novembre 1959, ils publient le récit de leur périple. Leur livre « La terre est ronde » se vendra à 150 000 exemplaires. Ils sortent aussi un film documentaire de 55 mn portant le même titre qu’ils présentent sur le circuit de conférences « connaissances du monde ». Certains de nos auditeurs l’ont peut-être vu à l’époque !