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Mais quel est donc ce Grenat de Perpignan ?
C’est un bijou incontournable ici et ailleurs. Repères avec Hélène Legrais.
Ses couleurs rappellent celles de la Senyera, le blason catalan, aujourd’hui vous nous parlez du grenat de Perpignan …
Et pourquoi juste aujourd’hui ? Parce que le 23 novembre 2018 le grenat de Perpignan est le premier bijou à obtenir une Indication Géographique Protégée, une appellation « qui désigne un produit portant le nom de son territoire d’origine, possédant une qualité et une notoriété en lien avec ledit territoire », et bien entendu le protège de la concurrence. Pour bénéficier de cette IGP, il faut répondre à un cahier des charges stricts car les bijoux en « grenat de Perpignan » ne sont pas n’importe quels bijoux, aussi jolis soient-ils, incluant des grenats. Il s’agit d’une fabrication traditionnelle, ancestrale même, et il y a actuellement seulement une dizaine d’artisans joaillier dans le département qui la pratique et tentent de la moderniser, de la remettre au goût du jour.
Il y a bien quelques almandins (c’est la variété de grenat travaillée) dans les Albères, le Costabonne ou du côté de Caladroy, mais en petite quantité. Depuis des siècles, les grenats viennent d’ailleurs, et de loin … Madagascar, l’Afrique de l’Ouest. Ce qui est spécifique au pays catalan, c’est d’abord la taille : la pierre est facettée seulement sur le dessus, le dessous est lisse. Pourquoi ? Parce que le montage est différent. Le grenat n’est pas serti à l’aide de griffes mais inséré dans un chaton à fond plein et plat, en or 18 carats. Le bijoutier y glisse un paillon en papier métallisé de la même couleur que la pierre avant de placer le grenat. Ainsi la lumière qui le traverse est renvoyée par le fond, ce qui avive son éclat.
Rouge vif, forcément …
Ça dépend des époques : si aujourd’hui on privilégie le sang et or qui renvoie aux couleurs catalanes, au XIXe siècle où le grenat était très à la mode, on le préférait rose foncé. Sous le Second Empire, le début de la IIIe République, de Paris à Barcelone, toutes les élégante ont leur parure en grenat ! Les orfèvres perpignanais dont les ateliers sont essentiellement installés rue de l’Argenterie créent des nœuds, des croissants de lune, des gerbes de fleurs. Au début du XXe siècle, ce sont des trèfles, des insectes. Et bien sûr la croix badine, la marquise (la bague) et les dormeuses (les boucles d’oreille) que les catalanes se transmettent de mère en fille …
Un institut du grenat a été créé en 2010 et la Confrérie du grenat célèbrera la St Eloi, saint patron des orfèvres les 4 et 5 décembre prochain à Perpignan.