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Trois Femmes dans la Résistance
Hélène Legrais nous raconte le parcours d’une mère et ses deux filles dans la Résistance.
Parfois la Résistance est une affaire de famille … et de femme.
Le 31 janvier 1943 sont jugées à Montpellier Joséphine Sabaté et sa fille Francine. La cadette, Odette a réussi à s’évader après leur arrestation le 15 juin 1943 par la police spéciale de Vichy. Sous prétexte d’aller chercher des vêtements dans la maison familiale à St Jacques, elle a faussé compagnie à son escorte et fui par la porte de derrière, rue St François de Paule. Elle n’a que 18 ans mais déjà un long passé d’engagement politique.
Pierre Sabaté, blessé lors de la Grande Guerre, est mort des suites de ses blessures et de sa captivité en 1931 laissant Joséphine seule à 33 ans avec deux fillettes. Elle va devoir se battre pour obtenir le statut et la pension de veuve de guerre. Se battre pour elle mais aussi pour les autres au sein du Comité des femmes contre la guerre et le fascisme du Parti Communiste. C’est ainsi que Francine et Odette sont élevées. Les deux filles entrent à l’Union des Jeunes Filles de France, animée par la jeune Rosette Blanc dont je vous ai déjà parlé. Début 1939, c’est la Retirada. Les Sabaté hébergent des républicains espagnols évadés au-dessus de l’épicerie qu’elles gèrent au Vernet. C’est à ce moment là qu’elles font leurs armes dans l’action clandestine. Elles sont surveillées par la police qui perquisitionne la maison et arrête même Joséphine en décembre 39. Elle est condamnée à un mois de prison ferme pour avoir hébergé des espagnols mais cela n’arrête pas les trois Sabaté. Et leur activité va s’intensifier après la victoire allemande.
Quelle forme prend-elle ?
La famille a déménagé à St Jacques. Francine travaille à la Préfecture, Odette à la Poste, au central téléphonique. Leur maison devient une plaque tournante : aux guérilleros espagnols, se sont ajoutés des français fuyant la répression ou évadés, des pilotes anglais tentant de regagner leurs unités via l’Espagne. Elles fabriquent de faux papiers, grâce à un tampon subtilisé à la Préfecture par Francine, rédigent des tracts ainsi que des éditions clandestines de journaux appelant à la Résistance.
A partir de fin 1942, c’est l’entrée dans la lutte armée avec la mise en place d’activités de sabotage. C’est alors qu’elles sont arrêtées. Joséphine et Francine sont détenues à Perpignan puis jugées à Montpellier avec une vingtaine d’autres résistants. La frêle Francine, de santé fragile, handicapé d’une hanche, fait l’admiration de tous, juges et les gendarmes, par sa détermination. Trimballées de prison en prison, la mère et la fille sont finalement livrées aux allemands et déportées à Ravensbrück en mai 1944. Elles se soutiennent mutuellement mais meurent à un mois d’intervalle, juste avant la libération du camp par l’Armée Rouge, Joséphine en mars et Francine, 25 ans à peine, en avril 1945.