Les mensonges : y’en a-t-il des graves et des moins graves ?

Joëlle bonjour.

Bonjour Yvan. 

Et il y a quelques semaines, on parlait notamment des mensonges ensemble et vous avez évoqué  qu'il y en a  des graves et des moins graves. 

J'ai envie de dire ça : ça va dépendre de chacun, alors ça va dépendre de celui qui transforme la vérité jusqu'à un mensonge. En fait, c'est une transformation de la vérité. Et après, c'est aussi un échange. C'est une relation. C'est à dire que mon interlocuteur, celui à qui j'envoie le message, peut considérer que je ne dis pas la vérité. Il ne va pas percevoir les mêmes choses que moi et donc il va estimer que ce que je dis rapporte, raconte, fait, ne correspond pas à ce que lui peut observer. Ça va donner cette sensation de trahison et de mensonge, en fait grave. Pas grave, ça va vraiment dépendre de la relation des deux personnes qui sont en interrelations. 

Ça affecte la confiance? 

Bien entendu, oui, tout à fait. Une ou deux personnes qui vont avoir les mêmes références externes, qui vont avoir la même perception de l'environnement, vont établir assez rapidement un lien de confiance. Parce que quand elles se parlent, elles vont parler des mêmes choses et vont percevoir les mêmes choses. Et à l'inverse, deux personnes qui vont avoir des perceptions de l'environnement différente, de la réalité différente vont vraiment avoir du mal à créer ce lien de confiance. Parce que quand elles se parlent, elles ne parlent pas des mêmes choses, n'observent pas les mêmes choses. 

Sincèrement, je pense que le mensonge n'est pas toujours volontaire bien souvent, et on va exprimer sa part de vérité, de réalité, de ce que l'on observe Ce qu'il faut distinguer: c'est vraiment c'est ce qu'on appelle la fabulation. Vous savez, ces personnes qui vont parler de leur réalité, mais qui ne correspond pas à la nôtre. C'est des gens qui fabulent. Puis, à l'inverse, il y a vraiment des personnes qui vont mentir volontairement, soit pour cacher une qualité qu'ils n'aiment pas chez eux, soit pour cacher un fait qu'ils ont commis. Et donc là, ça, c'est du mensonge volontaire. 

Alors au lieu de grave ou pas grave, moi, je dirais plutôt volontaire, involontaire. Il y a des mensonges qui vont être involontaires parce que ça correspond à ma carte du monde. C'est comme ça qu'on dit en programmation neurolinguistique. Et puis, il y a des mensonges où vraiment je vais m'arranger avec la réalité pour que la personne en face de moi m'apprécie toujours. Et donc, pour moi, c'est un mensonge volontaire.  

Et donc, finalement, est ce que c'est grave ou pas un mensonge?  

J'ai envie de dire ça, c'est tout à chacun. Ça va dépendre finalement à quel degré je me sens trahi. Et je pense que la gravité du mensonge va vraiment dépendre de ma tolérance vis à vis de la trahison. 

et c'est plus de trahison que le mensonge le problème  

C'est plutôt mon sentiment de trahison qui va donner la quantité et la valeur au mensonge de l'autre. Donc, le mien aussi. Parce que quand je m'arrange avec la réalité, j'ai quand même bien cette conscience que je vais trahir la personne.  

Je vais m'arranger avec ce qui existe, voilà .

Tout à fait. Donc je pense que le degré de gravité va dépendre du sentiment de trahison qui va être mis en jeu dans la relation. 

D'accord . Donc il n'y a pas de mensonge grave, de mensonge moins grave. Il y a juste des trahisons plus ou moins importantes..

Plus  ou moins importantes et en fonction des relations entre deux personnes, le degré va être important. Et puis, entre deux autres personnes, le même mensonge va avoir tout à fait une autre incidence et une autre conséquence. J'ai envie de dire ça: C'est un peu comme l'humour. On dit toujours qu'il y a plusieurs types d'humour, plusieurs types de trahisons, mais aussi en fonction des relations qu'on joue avec les personnes. 

Merci Joëlle,  à demain. 

À demain.