Jacques Higelin, le rock n'roll déglingué et littéraire. Jusque dans l'attitude.
Pierre Espourteille est agent artistique dans la Loire. Chaque semaine, il nous raconte les rencontres incroyables qu'il a pu faire de personnalités que nous connaissons tous !
"Pas facile à manier, passant rapidement de la bonne à mauvaise humeur, cyclothymique", Jacques Higelin ne semblait pas facile à vivre pour son entourage professionnel raconte Pierre Espourteille qui a plusieurs fois croisé l'artiste.
Il s'invite dans le Carré VIP
On pourrait rajouter sans-gêne ! Un soir au service du groupe Ange, l'agent est appelé à l'entrée du Palais des Sports de Gerland à Lyon. "Je me retrouve devant ce grand escogriffe d’Higelin qui me dit qu’il est copain avec les frères Descamps ( chefs de file du groupe Ange ) et qu’il souhaiterait assister au spectacle ! Pas de soucis, je l’installe dans le carré VIP pour le laisser à sa tranquilité".
Il avait fait lever tout le monde en voulant être devant d’abord, puis finalement derrière, ensuite à gauche, puis à droite et, pendant le spectacle, grosse difficulté à rester en place, il se levait d’un coup pour regarder le spectacle à travers « l’objectif » fictif du rond de ses doigts, comme s’il était réalisateur de télé !
Bagarre after-show
Après le concert, Jacques Higelin me dit qu'il voudrait bien rejoindre ses potes pour dîner avec. "Je vais demander à Christian Descamps. C'est ok". Le repas est servi, joie, bonne humeur... et "maintenant, ça me fait rigoler, à l’époque, beaucoup moins, Higelin s’est battu avec tout le monde en fin de soirée !"
Comme il le chantait lui–même : "Je suis un genre de loup solitaire, j’agresse les fillettes et leurs mères…"
Un personnage, un grand artiste
Homme de scène, artiste attachant. Jacques Higelin était auteur, compositeur et interprète. Il a rassemblé un public large de fidèles autour de ses chansons et de ses concerts durant lesquels il improvisait sans relâche, passait du piano à l'accordéon ou la guitare. Et... apostrophait les spectateurs.
Une grande générosité
Homme de coups de gueule, dans certaines de ses chansons, il évoquait la société, les sans-papiers ou les difficultés économiques. En 2001, il avait chanté pour une fête de la musique Tombé du Ciel avec les écoliers de la ville de Pantin, en région parisienne. Où il résidait. Où il était très apprécié. Où parfois on le croisait au matin, sortant d'un taxi pour aller se coucher. Où les habitants n'ont pas sorti le Champagne le jour de l'annonce de son décès en 2018.