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Hélène Mandroux : "J'ai reçu des menaces de mort pour avoir célébré le premier mariage entre homosexuels !"

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Tous les jours pendant les fêtes, France Bleu Hérault donne la parole à des personnalités du département de l'Hérault sous un angle plus personnel, loin des sujets d'actualité. Une rencontre presque intime qui permet de découvrir des hommes et des femmes avec leurs forces et leurs faiblesses...

Hélène Mandroux
Hélène Mandroux © Maxppp - Christophe Morin

Aujourd'hui, rencontre avec Hélène Mandroux, maire de Montpellier pendant 10 ans (de 2004 à 2014) et premier maire en France à avoir marié un couple d'homosexuels.

Hélène Mandroux, depuis que vous avez quitté l'hôtel de ville de Montpellier (cela fait maintenant plus de sept ans) vous vous faites plutôt rare dans les médias, comme si pendant 10 ans, la pression médiatique avait été une charge très pesante. Je me trompe en disant cela ?

Vous ne vous trompez pas. Je n'ai jamais vraiment recherché les médias. Mon premier contact avec les médias date du temps ou je n'étais pas encore élue, même pas conseillère municipale. J'étais médecin. À l'époque, je présidais l'antenne régionale de l'association française des femmes médecins. Et à ce moment là, une consœur s'est fait assassiner à Nîmes. Donc, évidemment, on m'interviewe par rapport à ce qui venait de se passer. Le lendemain dans la presse, qu'est ce que je lis ? Que ma sœur, ma propre sœur s'était fait assassiner ! Résultat, le lendemain, je recevais des messages de partout. Tout le monde m'envoyait ses condoléances parce que ma sœur s'était soi-disant fait assassiner. Je ne sais pas si vous voyez... Cela a été cela mon premier contact avec les médias. 

Pendant 10 ans, vous dirigez donc la ville de Montpellier et du jour au lendemain, après dix ans de mandat, ça s'arrête subitement. À l'époque, c'est un grand vide ou vous vous dites à ce moment là "ouf, je vais pouvoir vivre pour moi désormais" ?

Ni l'un ni l'autre. Il faut savoir que quand on occupe des postes à responsabilités, il faut savoir passer le relai. Je pense de façon naturelle que dans une vie, on a plusieurs vies. Il faut avoir l'intelligence de ne pas s'accrocher et de ne pas vouloir mourir en scène.

Ce que l'on retient évidemment de votre mandat, c'est forcément le mariage pour tous. Vous êtes en 2013 le premier maire de France à marier un couple homosexuel. Est-ce que ça vous agace qu'on ne retienne parfois que cela ou alors vous en êtes particulièrement fière ? Ou les deux ?  

Les deux. Vous avez tout compris. Effectivement, ça a été un moment fort, c'est évident. Y compris au point de recevoir des menaces de mort. C'est quand même incroyable. C'est allé trop loin... 

Vous l'avez mal vécu ?

Évidemment. Recevoir des menaces de mort, au point que le préfet de l'époque m'octroie quand même des gardes du corps. C'est incroyable ! 

En 2010, avant de quitter la vie politique, vous publiez un livre, "Maire Courage". C'est suite à c que vous avez vécu avec le mariage pour tous ?

Non, ce que j'ai écrit dans "Maire Courage" c'était avant. Celui que j'ai écrit après ce mariage c'est "Tout ce que je n'ai pas eu le temps de vous dire". "Maire Courage" c'est parce qu'à l'époque, j'avais candidaté aux régionales contre Georges Frêche. Et cela avait été rude. Difficile. 

Oui Martine Aubry vous demande de conduire une liste pour les régionales contre Georges Frêche. Et il est élu...

Oui, évidemment (sourire)...

Quand il a appris que vous vous présentiez contre lui, il n'a pas dû être très content ? 

Oui, il a dû manifester un certain mécontentement, mais en fait, je suis sûre qu'il a compris pourquoi. À la suite de ça, certains élus avaient proposé au président de la Région, Georges Frêche, de voter contre mon budget à la ville de Montpellier pour me faire sauter de la mairie. 

Et ?

Et il a refusé ! On était parfois en désaccord, mais nous nous respections mutuellement. 

Même si pour vous, officiellement, la politique, c'est fini, vous ne vous êtes pas retranchée dans une grotte pour autant. L'année dernière, vous avez soutenu très officiellement Michaël Delafosse. Vous lui prédisez un bel avenir politique ou pas ? 

Oui, et il y a très longtemps que je lui prédis un avenir. Parce que Michaël, je l'ai connu quand il était étudiant et qu'il défilait dans les rues. C'est un homme qui a des valeurs. Elles sont réelles, elles sont ancrées en lui et il s'est toujours battu pour les mots liberté, égalité, fraternité et laïcité. Pour moi, c'est une satisfaction d'avoir "passé le relais". Georges Frêche m'a passé le relais et moi, j'ai passé le relais à Michaël. 

Vous lui donnez des conseils ? Il vous en demande ? 

Non, non, ça, surtout pas ! Il a été mon adjoint pendant six ans. Donc il connaît, et il sait comment ça fonctionne. 

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