Edgar Boulet, gymnaste orléanais : après la descente aux enfers, un retour à la compétition plein d'ambitions

Edgar Boulet, gymnaste orléanais, spécialiste de la barre fixe et du sol, tourne une nouvelle page. Après deux ans de profond mal-être, marqués par la dépression, l'alcool, un abandon total de la gymnastique , le médaillé de bronze européen avec l'équipe de France en 2018 remonte la pente et retrouve sa place en sport de haut niveau.

En juin 2020, vous annonciez prendre votre retraite. Derrière cette décision se cachait une  descente aux enfers. Que s'est-t-il passé ?

C'est quelque chose qui est assez compliqué parce qu'il y a plein de facteurs qui rentrent en compte. Que ce soit les échecs sportifs, mais aussi les échecs personnels. Donc, c'est un peu un tout qui fait qu'à un moment donné, il y a un ras le bol qui s'exprime. J'étais vraiment au plus bas et à un moment donné, il faut bien se relever. Je pense que ça a bien fonctionné et maintenant, de par mon expérience et par tous ces événements qui ont fait que je suis tombé en dépression, j'ai maintenant un peu de vécu et ça me permet de pouvoir affronter des événements similaires d'une manière différente.

Vous avez repris la compétition en mars, à l'occasion du Top 12, le championnat de France par équipes. Qu'est-ce qui vous a permis de vous remettre au sport de haut niveau ?

Il y avait pas mal de questions techniques et physiques sur le plan de la gym, bien évidemment. Il y avait aussi, la question mentale : est-ce que je suis prêt à refaire de la compétition ? Est-ce que je suis prêt à me remontrer aux gens, juges ? Donc, ça a été un long processus, j'ai pris mon temps. Après la passion pour mon club [la SM Orléans ] fait qu'un moment donné, j'avais envie aussi de reporter les couleurs du club en compétition et d'aider le club à avoir les meilleurs résultats possibles. Le club m'a ouvert les bras quand tout allait bien et surtout quand tout allait mal. Je leur serai redevable toute ma vie. La reprise avec le Top 12 n'a pas été merveilleuse, mais ce sont des choses qui font partie du sport de haut niveau et  ça nous permet d'avancer. Je retrouve petit à petit l'amour pour la compétition aussi, cette passion de pouvoir me montrer, d'être sujet au stress de la compétition, aux encouragements de mon entourage et des autres. Je pense qu'il n'y a rien de plus beau que de faire de la compétition.

Je retrouve petit à petit l'amour pour la compétition, être sujet au stress, aux encouragements de mon entourage et des autres

L'année 2021, s'est tout de même terminée sur une belle réussite.

Bien sûr, l'année 2021, s'est finie sur une note en or. J'ai participé il y a quelques semaines à la revue nationale des effectifs, c'est un peu l'équivalent d'un championnat de France, et j'ai gagné cette compétition-là. C'est des moments qui me permettent de retrouver de la confiance et le sourire. Et puis de pouvoir continuer d'avancer en tant que sportif de haut niveau. 

Vous abordez donc 2022 de façon positive. Quels sont vos objectifs pour l'année qui arrive ?

Je pense que je vais retrouver petit à petit ma place dans le collectif national, dans l'équipe de France. Ça va être aussi des étapes importantes pour moi pour retrouver encore la confiance que je peux avoir en moi. Je suis médaillé européen, j'ai une certaine expérience au niveau international. Je trouve que c'est ce qu'il y a de plus beau de défendre les couleurs de son pays et de défendre toutes les couleurs qui en découlent derrière, que ce soit celles du club ou celles de notre entourage. Donc, j'espère pouvoir continuer sur cette lancée là. Bien sûr, Paris 2024 reste un objectif concret, réel. Après, je sais par expérience qu'il ne faut pas avancer trop vite. Il faut y aller vraiment étape par étape. Un cycle olympique, c'est quatre ans, c'est long. Je sais à quel point le temps est précieux, mais surtout à quel point il faut être patient.