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La réaction de Jérôme Schenck de l'association "Les Mains tendues", après la mort de deux sans-abris à Orléans
Jérome Schenck, de l'association "Les Mains tendues", qui organise des maraudes et des distributions alimentaires aux sans-abris à Orléans, évoque les deux sans-abris décédés ces derniers jours à Orléans, Jimmy et Django. "Ca n'est pas la rue qui tue, mais la vie à la rue" dit Jérôme Schenck
Deux hommes sont morts la semaine dernière, deux sans-abris, que l'association Les Mains Tendues connaissait bien. L'un, Jimmy, avait 39 ans et longtemps vécu sous le pont Thinat, à Orléans, il avait une caravane depuis trois mois à Mareau aux Prés. L'autre, Django, avait 45 ans et a été retrouvé mort rue du Vieux Marché à Orléans.
En savez-vous plus sur les causes de ces décès, il fait très froid, en ce moment, pensez-vous que cela soit lié ?
Que l'on sache, non. On ne peut pas dire qu'on meurt de froid, ici à Orléans et en France. On meurt de la rue, on meurt de l'usure que la vie à la rue peut causer, en fait. Les raisons de la mort sont multiples, c'est surtout l'usure de cette vie.
Ce qui frappe c'est l'âge de ces deux hommes, moins de 50 ans. En fait c'est l'espérance de vie d'un sans-abris...
Oui c'est ça, elle est même de 49 ans, cette espérance de vie. Il y a un collectif qui s'est créé il y a quelques années et qui s'appelle "les morts de la rue", qui recense les morts partout en France. Et le constat qui est fait, c'est que l'on meurt beaucoup plus précocément quand on vit à la rue. Ce qui paraît normal, compte-tenu du manque d'hygiène, d'alimentation satisfaisante, des conditions générales d'une telle vie.
Ce collectif a recensé 587 morts en 2020. Son action vise à faire sortir d'une forme d'indifférence ces personnes, en organisant des hommages, régulièrement. Envisagez-vous un moment de ce genre à Orléans ?
De manière publique, non. Nous allons nous recueillir à l'occasion des obsèques de ces deux personnes, mais notre idée n'est pas du tout de faire quelque chose de publique et de faire une quelconque polémique à l'occasion de ces catastrophes. On n'est pas là pour polémiquer, on est là pour agir, et leur mort ne changera pas notre façon de voir les choses.
En fait ce sont les conditions de vie à la rue, vous le disiez. Mais parfois certains refusent des propositions d'hébergement, alors comment faire, ne pas rester indifférent, malgré tout ?
Quand les gens sont à la rue et que, pour certains, qui n'acceptent pas forcément, pour différentes raisons, n'acceptent pas les aides que l'on peut leur proposer, ce que l'on peut faire, c'est d'être auprès d'eux, pour prendre soin d'eux psychologiquement, mais aussi d'une façon générale, c'est ce que font toutes les associations, qui interviennent pour essayer de les aider. C'est vrai qu'en tant que bénévole c'est difficile à accepter, ce choix de vie et ce refus d'hébergement. Mais c'est un choix de vie qui intervient toujours en second plan. Il n'y a pas un moment où vous quittez votre canapé en vous disant "tiens je vais vivre dans la rue ce matin". La vie fait que vous vous retrouvez à la rue, et qu'il y a un moment où la bascule se fait, c'est ça qu'il faut combattre.