Joséphine Baker au Panthéon : la chanteuse, résistante et militante antiracisme était l'enfant chérie de Paris

Joséphine Baker entre au Panthéon ce mardi à 17h30, une cérémonie à suivre en direct sur France Bleu Paris. Emmanuel Bonini, écrivain biographe de la star des années folles, était sur France Bleu Paris à 8h15 pour parler de cette femme au parcours hors du commun. Son livre s'intitule "La véritable Joséphine Baker".

Joséphine Baker chanteuse de music hall, résistante, militante antiracisme, enfant chérie des Parisiens, la plus française des Américaines sera la première femme noire à faire son entrée dans le mausolée républicain.

Joséphine Baker est venue en France pour chanter et danser dans  une revue

Joséphine Baker est approchée pour une revue qui devait avoir lieu au théâtre des Champs-Elysées mais dont elle n'est pas la vedette et finalement les projecteurs se sont braqués sur elle. Cela a été un énorme scandale, cela s'appelait "La revue nègre" et depuis le Sacre du printemps, les ballets russes de 1913, on n'avait pas vu un scandale pareil. 

C'est devenu l'enfant chérie de Paris, elle est tombée éperdument amoureuse de la France et de Paris, et on comprend qu'en 1939, elle s'engage corps et âme dans le contre-espionnage au service de la France.

La France devient son pays 

Je crois que c'était un coup de poker. Joséphine Baker a hésité, il n'était pas prévu qu'elle reste en France, on ne quitte pas sa vie comme ça. Cela ne devait durer que quelques semaines. Elle a été accueillie comme une reine. On lui a tout de suite proposé des revues aux Folies bergères et petit à petit, elle s'est installée ici et elle a décidé que tant que son pays traiterait les Noirs comme il les traitait, la France deviendrait son pays.

Quand elle parlait de la France, elle ne disait pas son pays d'adoption, c'était son pays tout court. Elle ne voulait pas qu'on prononce son nom "Baker" à l'américaine, elle le prononçait à la française.

Joséphine Baker combat tous les racismes 

On le sait peu mais Joséphine Baker avait une dent contre ses compatriotes de couleur parce qu'elle disait que c'était eux qui l'avaient exploitée en premier en l'envoyant travailler dans les maisons. Elle en voulait beaucoup à sa famille. Et puis quand elle est rentrée aux USA, même si elle était devenue une star internationale, elle était traitée de la même façon que les autres et ça a été une sorte de déclic, de détonateur.  

Elle a combattu tous les racismes aussi bien le racisme des Noirs envers les Noirs, que le racisme des Noirs clairs envers les Noirs foncés. Elle a  lutté contre le racisme des Noirs envers les Blancs. Elle disait la race blanche a beaucoup fait souffrir les Noirs mais il ne faut pas dire aujourd'hui "sale Blanc". Elle disait ça aux jeunes aux USA, elle disait les Blancs ne sont pas tous comme ça. Elle était contre le Black power, elle disait : "Il n'y a pas de pouvoir noir, le pouvoir n'a pas de couleur". 

Joséphine Baker était universaliste

Parler d'une femme noire qui entre au Panthéon, c'est la ramener à sa couleur et c'est un peu dommage, explique Emmanuel Bonini qui ajoute qu'en même temps, on ne peut pas faire autrement. Joséphine est hors couleur, c'est un être hors norme. Elle était universaliste, c'est au-delà de la couleur mais c'est un symbole aussi, je comprends, dit Emmanuel Bonini qui conclut "moi je ne l'ai jamais vu comme noire ou quoi que ce soit, c'était Joséphine, c'était un cœur avec des plumes autour, voilà.".