- Accueil
- Auvergne-Rhône-Alpes
- Isère
- Infos
- Société
- Jean-Marc Emprun : le loup fait de plus en plus parler de lui en Isère
Jean-Marc Emprun : le loup fait de plus en plus parler de lui en Isère
Jean-Marc Emprin est rédacteur en chef du magazine du magazine Terre Dauphinoise
Le loup, un sujet d'actualité en Isère
A l’occasion d’une rencontre à Vinay organisée par le comité de territoire du sud Grésivaudan, une éleveuse a fait part des différentes attaques qu’elle a subies. 2018, 2019, 3 attaques en 2020 alors qu’elle a un troupeau de bovins. Elle a fait part de l’angoisse qui étreint tout éleveur désormais quand il a des animaux dans les prés. Les retrouvera-t-il le lendemain ? Certains peuvent dire que l’éleveur ne les protège pas assez. Mais quelles mesures peut-on prendre dans des endroits quelquefois difficiles d’accès, avec de la déclivité. Un pré pâturé n’est pas un terrain de tennis, des creux, des bosses, des branches empêchent la pose parfaite d’un grillage. Et puis un loup est malin et agile, il saute, se faufile, rien ne l’arrête. Et aujourd’hui, quel que soit l’endroit montagne ou plaine, il est là et fait courir les bêtes dans leur parc la nuit. Un accident de la route arrivera avec une bête affolée. Celui qui aura les problèmes et surtout la culpabilité, ce sera l’éleveur, personne d’autre. A Izeron, le prédateur se promène entre les maisons, attaque les moutons tondeuses. Ceux-là ne sont pas décomptés pourtant ils commencent à être nombreux.
Le phénomène s’étend habitants des territoires
Oui, mais le loup a aussi d’autres conséquences. Sa présence nécessite pour les éleveurs le recours à des chiens de protection. Un débat sur la cohabitation entre loup et mouton a eu lieu à Lans-en-Vercors le 7 décembre à l’occasion de la projection d’un documentaire très bien fait, équilibré sur le sujet. Mais le débat qui a suivi a surtout tourné autour de la cohabitation entre les chiens de protection et les usages de loisir de la montagne. Les touristes pourtant locaux faisaient part de la peur que leur inspire les chiens. Ces derniers étant presque en trop dans le paysage. L’émotion fait suite à des cas de morsure. Rassurons-les, ces faits sont rares Un éleveur local a expliqué le poids que fait peser le loup sur ses épaules : pression infernale sur le troupeau, reproche et mésentente avec les touristes ou usagers de la montagne à cause des chiens. Une vraie fracture est en train d’apparaître dans la population des territoires, conséquence insidieuse de la présence du loup.
Une situation inéluctable et irréversible ?
D’abord, il faut faire confiance aux éleveurs : ils sont conscients de tout ça, ils ne sont pas indifférents aux reproches. Des sélections de chiens aptes à la protection des troupeaux avec un bon caractère sont menées au niveau national. Il faut retrouver des savoir-faire. Mais il faut aussi que les touristes, qu’ils soient locaux ou non, réapprennent les codes de la cohabitation et du partage des territoires. Ce n’est pas parce qu’il n’y a pas de barrière que les alpages sont à tout le monde. On ne court pas, on ne fait pas du VTT n’importe où et n’importe comment. Les chiens travaillent beaucoup la nuit. Il faut aussi qu’il maintienne son attention le jour parce que des dangers potentiels ou qu’il croit tels, rôdent. La fatigue peut lui faire faire des erreurs. C’est normal, c’est un être sensible. Il faut en tenir compte.