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Ces Français toujours en retard

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La notion du temps n'est pas exactement la même entre la France et l'Allemagne.

Je suis en retard !
Je suis en retard ! © Getty

Frank Gröninger est originaire de Mannheim (ville qui se trouve à seulement 1h30 à l'est de la Moselle). 

Il vit en France depuis bientôt 30 ans et depuis toutes ces années, il a largement eu le temps de découvrir les nombreuses différences culturelles qui existent entre les deux pays. 

Franck Groninger
Franck Groninger © Getty

Il vient d'écrire un livre sur le sujet, écrit en français (pour les Français) et en allemand (pour les Allemands), vendu des deux côtés de la frontière : "Douce Frankreich".

Douce Frankreich
Douce Frankreich

Comme tous les Allemands, il a mis un certain temps avant de se faire à la "ponctualité" typiquement française

Quand vous dites à un Français : « je t’invite chez moi, viens pour 20h », dans le meilleur des cas, vous ne le verrez pas avant 20h30. ! 

En Allemagne, arriver en retard à n’importe quel rendez-vous est une insulte suprême. 

Franck Groninger s’en est rendu compte très peu de temps après son arrivée en France. 

Extrait du livre "Douce Frankreich" : 

Les clichés sur sa propre culture, ça peut être difficile à vivre... mais parfois c’est pratique :

Les Allemands, c’est sérieux ! 

J’étais à la recherche d’un appartement quand j’étais encore étudiant. C’était très difficile, car pour louer un appartement il fallait connaître des gens qui se portent garants. Mais comment faire quand vous êtes étudiant et que vos parents ne vivent pas en France ? J’ai partagé mon désespoir avec un agent immobilier (d’origine grecque) et il me répondit : Vous êtes Allemand ? Achhhhhh (il faisait ce son guttural sûrement pour me montrer qu’il avait fait « allemand première langue ») ne vous inquiétez pas, c’est sérieux les Allemands, on va vous trouver quelque chose. Deux mois plus tard j’avais un trois pièces. 

Les Allemands, c’est à l’heure ! 

Quand je fus invité pour la première fois à un dîner « typiquement français » qui dura de vingt heures à minuit sans s’arrêter de manger plus d’un quart d’heure, j’étais la blague de la soirée : l’invitation était pour vingt heures et à vingt heures pile je sonnai donc à la porte, une bouteille de vin à la main et un bouquet de fleurs. 

J’ai senti que j’étais responsable d’un instant de stress : Monsieur était encore en pantoufles et Madame encore dans la salle de bain. On m’installa donc dans le salon. Des olives et des pistaches me tenaient compagnie et c’est seulement quinze minutes plus tard que le premier invité arriva. À vingt heures quarante- cinq nous étions au complet. Vingt heures quarante- cinq ? Je m’attendais à attaquer le dessert à cette heure- là, alors que personne ne semblait pressé d’aller dans la pièce à côté pour dîner. 

·         -  Quoi ? Ça fait trente minutes que tu es là ?, disait la dernière arrivée. 

·         -  Non, même quarante-cinq minutes. 

·         - Ah mon pauvre, c’est vrai que vous êtes toujours à l’heure. 

J’avais compris : à l’invitation suivante j’arrivai à vingt heures trente, au grand étonnement de tout le monde : « Qu’est-ce qui t’arrive ? Pourtant t’es Allemand... ? » 

Un monde a dû s’effondrer pour eux. 

Ce que je n’ai pas dit ce soir-là : malgré tous mes efforts pour arriver en retard j’étais là à vingt heures, mais j’étais allé dans un café pour attendre vingt heures vingt ! 

Les Allemands, ça respecte les feux ! 

Bien plus tard, c’était le début des Vélib’ à Paris, je me suis fait arrêter par la police. On m’accusait d’avoir brûlé un feu, alors que j’étais persuadé que le feu était passé de vert à orange, j’avais même donné un dernier coup de pédale pour passer. Le policier croyait que je voulais négocier quand j’ai commencé à m’expliquer et il était intraitable : Monsieur, on a tout enregistré avec une caméra, je vais vous demander votre carte d’identité. 

Je sortis donc mon Personalausweis, ma carte d’identité allemande. 

·         -  Ah vous êtes Allemand ? 

·         -  Oui. 

·         -  Bah alors ? Qu’est-ce qui vous arrive ? Les allemands ça respecte les feux !

·         -  Ben, je vous ai expliqué, le feu est passé de vert à orange quand je traversais.

Le policier me tendit ma carte d’identité et me dit : 

« Bon allez, filez ! ».

Quelques années plus tard je fis une autre expérience avec la police. Pour éviter de faire un grand détour avec mon vélo, car j’étais un peu pressé, j’ai pris la rue dans le sens interdit - c’était avant que la mairie autorise quasi toutes les rues dans les deux sens pour les vélos. 

Je ne roulais que depuis trois minutes et vis venir d’en face, dans le sens correct donc, une voiture de police. Etant obéissant vis-à-vis des forces de l’ordre comme mes parents me l’ont appris, je fis une tête comme quelqu’un pris les mains dans le sac et descendis du vélo au lieu de faire semblant de ne pas les avoir vues, – La prochaine fois tu fais l’innocent et continues comme si c’était ton droit de rouler à vélo ici, me conseilla-t-on quand je racontai l’histoire. 

La voiture de police s’est donc arrêtée et m’a interpellé : 

- Monsieur...
- Oui, je sais, interrompis-je, sens interdit...
Le policier fut perplexe. Il n’avait pas à négocier, le 

coupable faisait ses aveux et était prêt pour l’exécution. En fait je ne lui laissais pas le choix, il était obligé de me donner une amende. 

Une semaine plus tard, je passais à pied dans la même rue, et vis la scène suivante : 

Une dame roulait comme moi en sens interdit, deux policiers en scooter étaient là. Elle est passée devant eux, les ignorant, d’un air très pressé. 

·         -  Madame s’il vous plaît. C’est un sens interdit. 

·         -  Oh là là j’ai vraiment pas le temps pour ça, répondit-elle d’un air qui voulait dire : « Vous n’avez pas de vrais criminels à chasser ? »

·         -  On est tous pressés, Madame,mais vous ne pouvez pas rouler dans ce sens. 

·         -  Bon ok, mais franchement.... 

Et elle continua à pied poussant son vélo, le temps que les policiers remontent sur leurs scooters et disparaissent. À peine disparus elle se remit sur son vélo et continua sa route sur la voie de l’interdit. 

J’avais donc encore beaucoup à apprendre pour éviter de payer des amendes.

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