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Pourquoi et comment les tarifs des péages d'autoroutes augmentent-ils aujourd'hui ?

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Les tarifs de péages augmentent aujourd'hui (1er février) sur les autoroutes. Une hausse annuelle, très réglementée, supérieure à l'inflation, et qui intervient malgré les importants bénéfices des sociétés d'autoroutes. Le décryptage de France Bleu Orléans.

Avec 3,1% de hausse moyenne des tarifs de péage, l'A19 gérée par la société Arcour (Vinci autoroutes) enregistre un nouveau record de prix.
Avec 3,1% de hausse moyenne des tarifs de péage, l'A19 gérée par la société Arcour (Vinci autoroutes) enregistre un nouveau record de prix. © Radio France - Stéphane Barbereau

+ 1,55% : c'est la hausse moyenne des tarifs de péages aujourd'hui sur les autoroutes en France, pour la catégorie voitures. Sur l'A10 et l'A71 (Cofiroute, filiale de Vinci autoroutes), la hausse s'élève à + 1,34% - par exemple un trajet Paris-Orléans Centre vous coûtera 11 euros 10 contre 10 euros 90 hier. Le record revient une fois de + à l'A19 (Arcour, filiale de Vinci autoroutes) : + 3,1% d'augmentation - alors que l'A19 est déjà l'une des autoroutes les plus chères de France, on paye 15 centimes le kilomètre entre Artenay et Courtenay ! A noter que les tarifs pour les trajets sur la portion orléanaise de l'autoroute restent inchangés : aller d'Orléans-Nord jusqu'à Olivet coûte toujours 1 euros 40.

Pourquoi ces hausses reviennent-elles chaque année ?

C'est en fait une conséquence de la privatisation des autoroutes en 2006. Les clauses contractuelles des concessions d'autoroutes prévoient une hausse annuelle systématique en fonction de plusieurs paramètres. Il y a d'abord l'inflation : les société d'autoroutes peuvent répercuter jusqu'à 70% du niveau de l'inflation qui s'est élevée à + 1% l'an passé. Il y a ensuite la taxe domaniale : c'est une taxe exigée par l'Etat pour l'utilisation du domaine public et dont la moitié peut être compensée par le prix du péage. Enfin la hausse peut prévoir le financement de grands travaux sur le réseau... Tout est donc très réglementé et on ne peut rien y faire, explique Pascal Pennec, journaliste à Auto plus : "Tout simplement parce que c'est comme ça qu'ont été rédigé les contrats de privatisations ! Vous vous souvenez sans doute qu'en 2014 Ségolène Royal avait fait tout un foin pour dénoncer les rentes des sociétés d'autoroutes, mais il n'y a rien faire : si l'Etat refuse de leur accorder des hausses, les sociétés d'autoroutes se retourneront contre l'Etat et elles gagneront. Ces contrats signés par le gouvernement De Villepin sont absurdes, mais on ne peut rien y faire."

C'est d'autant + choquant que parallèlement, les bénéfices des sociétés d'autoroute s'envolent !

Auto plus rappelle ainsi que les bénéfices des autoroutes ont atteint 2,8 milliards d'euros en 2016, en hausse de 25%... 1,8 milliard de bénéfice pour Vinci autoroutes, qui gère notamment l'A10, l'A71 et l'A19... Les dividendes reversées aux actionnaires de Vinci autoroutes ont même bondi de 88%, selon Pascal Pennec : "Là où ces contrats de concession ont été mal ficelés, c'est qu'ils auraient dû prendre en compte les bénéfices que feraient les sociétés d'autoroutes l'année précédente, mais ça n'a pas été le cas. Cela veut dire que chaque année les bénéfices augmentent, vont dans les sociétés d'autoroutes et sont reversées sous forme de dividendes aux nombreux actionnaires qui ont flairé un bon filon."

Au total, lorsque vous payez 10 euros pour votre trajet sur une autoroute, seulement 4 euros 30 servent à l'exploitation et à la modernisation du réseau ; 1 euro 70 part directement sous forme de bénéfice pour la société d'autoroute, et 4 euros finissent dans les caisses de l'Etat (selon le décompte de l'Asfa, l'association des sociétés françaises d'autoroutes et d'ouvrages à péage).

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