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L'esca, une préoccupation majeure des vignerons

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Le vignoble bruit une inquiétude latente : le dépérissement des vignes et de la progression de cette maladie.

Dans les vignes
Dans les vignes © Radio France - Bernard Guyot

Il s’agit de quoi exactement ? 

Ce qui est constaté, c’est le bouchage des canaux de sèves des ceps par un complexe de 6 à 7 souches de champignons pathogènes pénétrant par les plaies de taille. Faute de sève, la vigne meurt plus ou moins vite. 

Mais c’est nouveau cette maladie ? 

Non pas du tout. L’esca, accompagne la vigne depuis des siècles, elle a été observée et décrite par les romains.  

Mais pourtant il y a toujours de la vigne. 

Oui la plante a vécu avec et depuis le 19ème, un produit efficace a permis de la contenir. Mais l’arsenite de soude est interdit depuis un quart de siècle et depuis l’esca gagne du terrain. Dans certains vignobles, les pertes atteignent 15% des ceps plantés.

Mais que font les vignerons alors ?

En l’absence de traitement efficaces, ils appliquent des méthodes curatives et préventives, avec quelques résultats.  Nombreux se sont formés à un mode de taille qui favorise la circulation de la sève en périphérie, pour éviter les zones de nécrose où l’esca s’installe. 

Quand un cep est repéré malade, ils le curent, comme un dentiste avec une carie, en enlevant le bois mort. Puis certains pratiquent le recépage, le pied est régénéré par une taille rase au-dessus du point de greffe ou bien il est regreffé. 

Comment fait on ? 

Et bien l’opérateur creuse un peu au pied pour pouvoir couper en dessous de la soudure de la greffe. Puis il pratique deux fentes pour introduire des greffons du cépage voulu, taillés en biseau, dans le porte-greffe en espérant la reprise. 

Mais tout cela prend du temps et nombre de vignerons optent pour la complantation, c’est-à-dire le remplacement des ceps morts par des jeunes produits par les pépiniéristes, avec une facture annuelle qui commence à peser dans les comptes. 

Mais et les chercheurs, pas de solution à l’horizon ? 

Ah je vous vois venir Nicolas, vous aimeriez qu’émerge un nouveau pesticide, ça ne vous ressemble pas… 

Oui mais si ça soigne la vigne….

Pas de produit miracle à l’horizon. Les scientifiques pour l’instant cherchent à comprendre les mécanismes d’entrée et développement des pathogènes. De nombreuses pistes sont étudiées dans le cadre d’un plan national de lutte émettant au fur et à mesure des avancées des préconisations. 

Que proposent-ils ? 

Une stratégie globale qui combine des outils d’aide à la décision et des produits de protection aux modes d’action complémentaires. Parmi ces outils, la détection précoce des symptômes avec des caméras embarquées sur tracteur ou des capteurs sur des drones ou des satellites. Les chercheurs ont recours aux méthodes d’apprentissage profond de l’intelligence artificielle pour différencier une feuille exprimant le symptôme d’une feuille saine. Autre technique, avec l’imagerie IRM et les rayons X, ils voient à l’intérieur des ceps sans les détruire. Tout ce cela ouvre la porte au développement de nouveaux marqueurs pour évaluer la tolérance des cépages dans les programmes de sélection. »

Mais toujours pas de produits pour éradiquer les champignons ? 

Ah vous y revenez décidemment à la chimie ! Et bien pour vous rassurer, il existe déjà un produit de bio protection contenant un champignon « ami », le trichoderma. Appliqué sur les plaies de taille, il gène la pénétration des pathogènes en occupant la porte d’entrée. 

C’est un peu Kramer contre Kramer…

Plutôt Docteur Jekyll et Mister Hyde pour rester dans la parabole cinématographique. D’autres solutions biologiques sont à l’essai. Les résultats sont prometteurs mais il y a souvent un long chemin entre ce qui est efficace en laboratoire et ce qui fonctionne en conditions de plein champ. 

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