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Agriculture et effet de serre
Philippe GUILBERT nous en dit davantage sur l’énergie, le climat et la captation du carbone en agriculture
Si l’agriculture est une composante de la consommation énergétique du pays émettant sa part de gaz à effet de serre, elle est aussi une solution. En consommation d’énergie finale par secteur, l’agriculture et ses 3% se situe loin, très loin des transports (29%), de l’industrie et du résidentiel (26% chacun).
Oui mais vous parliez à l’instant des gaz à effet de serre, les fameux GES…
S’il s’agit de comptabiliser les GES, l’agriculture ne fait pas non plus la course en tête ; juste troisième après les transports et l’industrie. Mais la particularité de l’agriculture est d’émettre des gaz à super effet de serre ; le méthane des matières en fermentations et surtout le protoxyde d’azote émis lors de la nitrification des apports azotés .
Que peut faire l’agriculture pour réduire ses émissions ?
Dans la perspective d’une neutralité carbone en 2050, l’agriculture développera la motricité électrique ou à l’hydrogène. Ça commence. Mardi dernier des tracteurs vignerons électriques évoluaient dans les vignobles de vouvray et de bourgueil. Mais il existe d’autres pistes déjà largement empruntées par les agriculteurs pour réduire le bilan GES, comme la production d’énergie renouvelable via la méthanisation, le photovoltaïque et l’éolien.
Oui mais pour les engrais ?
La production d’engrais azoté pose un problème qui sera partiellement résolu par l’introduction à grande échelle des cultures de légumineuses qui captent l’azote de l’air. Et puis il y a la capacité des sols stocker du carbone. Les prairies naturelles resteront des puits de carbone tant qu’il y aura des consommateurs de lait et de viande. L’agroforesterie et la replantation de haies en timide développement apporteront aussi leur part. Notre pays peut aussi décider de stocker du carbone dans les constructions avec des matériaux bio-sourcés, la paille, le chanvre, la moelle de colza. Et puis un mot sur la troisième voie de mise en culture de champs, un système sans fuites.
Ah je perçois que vous allez nous parler de l’agriculture de conservation et de restauration des sols.
Tout juste. En laissant intacts les premiers centimètres du sol comme dans une forêt, le semis direct sous couvert permanent préserve cette fine couche majeure pour la fertilité, de l’érosion, de l’évaporation, tout en limitant les émissions de GES et en stockant quantité de carbone et d’azote captés par les plantes dans l’atmosphère et ceux avec peu de carburant. En apprivoisant le génie végétal, l’agroécologie intensive conserve naturellement un haut niveau de rendement. C’est une erreur majeure de penser que le sol doit être laissé au repos, c’est au contraire un réacteur biologique qui ne demande qu’a ronronner en permanence dans le cadre d’un système cohérent. Le documentaire Bienvenue les vers résume très bien cette conduite vertueuse des sols. Il sera projeté au cinéma de Richelieu, sous réserve de l’évolution de la réglementation sanitaire, évidemment.