Les fantômes : sont-ils aussi blancs et transparents dans les autres pays ?
Pour nous, les fantômes sont blancs, transparents et ils font un peu froid dans le dos. Dans d’autres pays, ils peuvent prendre des formes multiples. Sidonie Bonnec part à la rencontre des spectres du monde entier.
Les fantômes fascinent autant qu’ils inquiètent. Que nous y croyons ou non, nous avons tous en tête des êtres blancs et transparents capables de frapper par surprise. Dans d’autres pays, ils ont des aspects différents. Au Japon, ils s’appellent les Yureï et ils peuvent reprendre vie grâce à de l’encens. Dans la population des Baloué en Côte d’Ivoire, chacun est marié avec un fantôme. Dans les îles des Caraïbes, les Taïnos prennent de la drogue pour entrer en communication avec les esprits.
Pour voyager à la rencontre de ces êtres surnaturels aux quatre coins du monde, Sidonie Bonnec reçoit Philippe Charlier. Médecin légiste, anthropologue et archéologue, il s’est passionné pour les fantômes du monde entier. Il est l’auteur du livre Comment faire l’amour avec un fantôme ? aux éditions du Cerf.
En Côte d’Ivoire, marié à un fantôme dès la naissance
Dans la population Baloué en Côte d’Ivoire, se marier avec un fantôme est une tradition. Il s’agit de doubles mystiques auxquels chacun est uni dès sa naissance dans un univers parallèle. Ces doubles sont matérialisés sous forme de statuettes à certains moments de la vie. Ces statuettes sont généralement sculptées dans un morceau de bois lorsque survient un important problème, comme un grave désaccord au sein du couple.
Dans ce cas, la sculpture doit alors être placée sur un autel spécifique, enveloppée dans un tissu, au sein de la chambre des époux. Elle doit être entretenue quotidiennement, au risque de faire ressurgir un nouveau déséquilibre en cas d’oubli ou de désintérêt. Un jour par semaine, le conjoint vivant doit prendre un repas seul à seul, en tête à tête, avec l’incarnation physique de son époux mystique. Régulièrement, il devra aussi dormir seul dans son lit avec la statuette et la caresser comme on ferait avec la peau de l’être aimé.
Seul le décès de l’époux terrestre libère la statue de son esprit. Elle est alors abandonnée ou jetée dans la nature.