Se travestir en homme pour être libre
Se travestir en homme a été le seul moyen pour ces femmes de réaliser leur désir : exercer la médecine dans l’Antiquité, devenir pape au Moyen Âge, assister à un match de foot en Iran aujourd'hui. Sidonie Bonnec nous raconte le destin extraordinaire de ces femmes.
Si le rôle des femmes reste encore largement méconnu dans l’histoire politique, artistique et scientifique, les parcours d’Hagnodiké, de Sahar Khodayari et de Jeanne l’Anglaise prouvent combien il est parfois difficile d’être une femme pour tout simplement vivre sa vie. Afin de réaliser leur désir, elles ont en effet dû se travestir en homme !
Hagnodiké est née dans la Grèce antique, où l’exercice de la médecine était alors réservé aux hommes. Alors qu’elle voit que les réticences des femmes à recourir à un homme pour les soigner causent de grandes souffrances, elle n’a qu’un souhait : devenir gynécologue. Et pour apprendre la médecine, elle porte les cheveux court, s’habille comme un Athénien et change son prénom en « Miltiade ». Elle deviendra un gynécologue très réputé, sans que l’on sache si, dans son cabinet, elle révélait sa véritable identité…
L’histoire de Sahar Khodayari est d’autant plus dramatique qu’elle se passe en Iran en 2019. Si cette jeune fille a voulu se travestir en homme, c’est pour assister à un match de foot, ce qui est interdit aux femmes dans ce pays aujourd’hui. Malgré le long manteau et la perruque bleue qu’elle portait, elle sera arrêtée et s’immolera le jour de son procès.
Comme celui de Jeanne l’Anglaise devenue papesse au Moyen Âge, ce sont ces destins courageux que Sidonie Bonnec nous raconte avec son invitée, Marie-Claire Javoy, réalisatrice, scénariste et autrice, qui vient de publier Affranchies, femmes au masculin (aux éditions du Trésor).