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Les petites phrases assassines des parents
Avec Serge Sommer, psychanalyste à Livron
Serge Sommer psychanalyste à Livron
Serge Sommer: Parce qu'aucun parent n'est parfait, ce sujet pourrait s'appeler « les phrases assassines de nos parents », vous savez, ces petites phrases du genre: « Qu'est ce que c'est que cette coupe de cheveux? Tu ressembles à rien. T'es nul! Tu finis jamais ce que tu fais... » etc...
Valérie Rollmann: « Tu ressembles à ton père ou ta mère », surtout quand ils ne sont plus là!
Serge Sommer: Voilà, c'est vécu comme un reproche.
Ces petites phrases assassines finissent par être handicapantes. Il y a ces phrases assassines, dites on va dire « consciemment », un peu par perversité, et d'autres qui sont dites juste par maladresse. J'allais dire bêtise. Oui, cette maladresse de ne pas réfléchir à ce qu'on dit et de la manière dont on le dit. Par exemple, dire à un enfant qu’il est vraiment nul quand il rapporte un mauvais bulletin, alors qu'on sait très bien que l'enfant va adopter cette qualité!
Si on lui dit toute son enfance « t'es nul », il va se considérer lui même comme quelqu'un de nul. Si on lui dit « tu es très intelligent », il va savoir, il va grandir avec cette idée qu'il est très intelligent. Donc, ce n'est jamais un enfant ou une personne qui est nul. C'est un acte. Ce que tu as fait, c'est nul. Toi, t'es pas nul. Il faut différencier l'acte de la personne. C'est très important, ça, ce sont des maladresses.
Et puis, il y a les perversités. Effectivement, balancer « t'es comme ton père, t'es tout son portrait », c’est terrible. Et ça peut vouloir dire: « Finalement, je me sens manquer d'amour. Donc rapproche toi de moi si tu ne veux pas ressembler à la personne dont tu sais bien dans mon discours que je le déteste ».
Il y a aussi ce fait que quand on est un ado, on s'apprête aussi à être libre et indépendant. Donc on est censé avoir confiance en soi. Le parent risque de se retrouver dans le syndrome du nid vide, c'est à dire avoir cette peur d'être inutile et de perdre son rôle protecteur. Et ce rôle de pouvoir aussi qu'est le parent. Donc, le parent n’a pas très envie de couper le cordon ombilical. Et castre un petit peu son enfant.
J’utilise le terme à bon escient, c'est à dire: je coupe vraiment ta pulsion de vie et ta capacité à avoir confiance en toi, qui te permettra de risquer de te lancer dans la vie pour aller à la rencontre de tes propres désirs. Parce que je veux encore te garder un peu avec moi.
On a de bonnes ou de moins bonnes raisons d'avoir ces phrases assassines, mais il faut vraiment y penser. Il faut peut être se souvenir, prendre le temps, se dire: au fait, qu'est ce qui m'a fait du mal à moi? Quand j’avais son âge?