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Numerus Clausus, salaires, départs à la retraite : quelle est l'origine des déserts médicaux ?
C'est une des grandes préoccupations des français ! L'accès aux soins devient compliqué en ville, comme à la campagne. Pas assez de médecins pour un nombre de patients en constante augmentation. On en parle ensemble avec Fred Ballard, Murielle Giordan, Fabien Emo et bien évidemment Willy Rovelli !
Qu'est-ce qu'un désert médical ?
C'est la question que nous avons posé à Emmanuel Vigneron, professeur d'aménagement du territoire et géographe de la santé. Voici sa réponse : "C'est un endroit où il y a en moyenne plus de 20% de moins de cabinets que la moyenne française". Pour lutter contre ces situations, certains Maires n'hésitent pas à rendre leurs villes et villages attractifs aux nouveaux médecins : logement de fonction, mise à disposition de locaux pour installer un cabinet… Une bonne initiative pour notre invité mais pas suffisante : "Il faut comprendre ce que veulent les jeunes ! Ceux qui habitent en ville n'ont pas forcément envie d'aller dans ce qu'ils appellent 'un trou'. L'argent ne suffit pas toujours. Il faut essayer de savoir ce qu'ils attendent et leur apporter". Emmanuel Vigneron vous explique tout dans notre podcast !
Des départs à la retraite compliqués !
On ne compte plus le nombre de cabinets médicaux qui ferment faute de repreneur. C'est le cas de notre second invité, le Dr Pierre Decoopman, médecin généraliste à Escaudœuvres dans les Hauts de France. Pierre part à la retraite en Juillet et il ne trouve personne pour reprendre son activité : "Je pars à la retraite le 1er Juillet en étant très contrarié, je ne trouve personne. J'ai mis les premières annonces en Septembre 2020". Sa patientèle est composée de 1500 personnes, autant de patients qui se retrouveront sans médecin.
Alors qui est responsable ? Et bien c'est ce fameux Numerus Clausus que notre invité met en cause : "Dans les années 80, on avait 7 000 étudiants reçus en fin de première année de médecine, en 87 on passe à 4 000 et en 92 à 3 750. C'est resté en dessous de 4 000 jusque dans les années 2000. On a eu un Numerus beaucoup trop faible, étant donné qu'il faut 8 à 10 pour former un généraliste, c'était évident qu'on fonçait droit dans le mur". Numerus en baisse, cotisations en augmentation : notre invité est formel, l'image d'Epinal du médecin généraliste avec voitures de sport et résidences secondaires n'existent plus. "Je me contente parfaitement de ce que je gagne si je compare à ce que gagnait mon papa à l'usine. Mais malheureusement quand vous êtes à BAC + 10 et que vous êtes à 3 SMIC de l'heure, c'est un peu choquant après des études difficiles. Certains confrères font jusqu'à 70/75 heures par semaine".
La situation autour de son cabinet inquiète notre docteur, il n'est pas le seul à partir en retraite cette année : "Sur Cambrai même, 5 ou 6 médecins vont partir en retraite et il n'y a qu'une seule arrivée connue qui vient compenser le départ d'un médecin l'année dernière".