Ardèche : des ruches connectées installées à Alba-la-Romaine
Des ruches connectées ont été installées pour la première fois en Ardèche. Le dispositif est mis en place chez un apiculteur d'Alba-la-Romaine. Les Vignerons Ardéchois sont parties prenantes de ce projet qui vise à en apprendre plus sur les abeilles pour mieux les protéger.

Deux ruches connectées ont été installées vendredi 27 avril chez un apiculteur d'Alba-la-Romaine. Il s'agit d'une première en Ardèche. Le dispositif va peser les ruches toutes les douze minutes, afin d'effectuer un relevé de poids en temps réel. Cette méthode permet de savoir à quelle heure précisément les abeilles sont parties butiner, à quel moment elles sont revenues, et combien de miel elles ont produit dans la journée. Des informations qui peuvent être utiles à l'apiculteur, mais aussi aux viticulteurs soucieux de préserver les abeilles.
Une méthode scientifique au service de l'apiculteur
Moins d'un quart d'heure après leur installation, l'une des deux balances connectées avait déjà fourni son premier relevé. Muni de son code et de son mot de passe, l'apiculteur, Nicolas Bourg, pouvait constater sur internet que sa ruche pesait environ 36kg. Au fil des jours la courbe de poids devrait augmenter, avec l'accumulation du miel.
"En pleine saison, certaines ruches peuvent prendre 5kg par jour", témoigne Sandrine Bonnand, ingénieure chez Bayer. C'est elle qui a installé la ruche connectée. Ce dispositif peut notamment permettre à l'apiculteur de repérer les miellées, c'est à dire le pic d'activité des essaims pendant lequel la production de miel est importante. "C'est utile notamment lorsque que les ruches sont très éloignées de l'établissement de l'apiculteur".

Nicolas Bourg confirme en effet que certaines de ses ruches sont à plus de 80km. "jusqu'à présent, je procédais par intuition. De telles ruches connectées peuvent sans doute éviter de se déplacer pour rien", reconnait-il. L'apiculteur précise que ce dispositif constitue pour lui une expérimentation. "Même si je suis apiculteur depuis longtemps, je pense qu'on peut toujours en apprendre plus sur les abeilles."
Les Vignerons Ardéchois à l'initiative de ce projet
Pourtant Nicolas Bourg n'est pas à l'origine de ce projet. Ce sont les Vignerons Ardéchois, un groupement de 22 viticulteurs qui lui ont suggéré l'idée. Depuis deux ans, ces exploitants sont en effet engagés dans une démarche de protection de l'environnement nommée "l'Ardèche Par Nature".
Grâce aux relevés des ruches connectées, l'apiculteur et les viticulteurs vont voir clairement apparaitre sur les courbes quotidiennes l'heure à laquelle les abeilles sont sorties butiner et celle à laquelle elles sont rentrées. Ces heures d'activités constituent les moments pendant lesquels les abeilles sont les plus vulnérables. Elles peuvent être impactées par les travaux et les traitements réalisés dans les vignes.

"L'intérêt c'est d'établir les périodes pendant lesquelles les abeilles sont hors des ruches, pour ensuite inciter les viticulteurs à effectuer leurs travaux viticoles à d'autres moments", explique Alexandre Deborne, responsable technique vigne, au sein des Vignerons Ardéchois.
Il assure que les viticulteurs engagés dans cette démarche sont sensibles à la cause des abeilles et pourraient modifier leurs pratiques, quitte à travailler occasionnellement de nuit. "Si on peut favoriser la diversité de la faune et de la flore autour de nos parcelles, c'est un cercle vertueux, assure-t-il avant d'ajouter : toutes les actions que l'on peut faire pour préserver notre territoire, on se doit de les mettre en place".
Nous ne sommes pas juste producteurs, nous sommes aussi acteurs de notre territoire
Dans le cadre de leurs actions pour l'environnement, les Vignerons Ardéchois ont déjà installé des nichoirs à chauve-souris par exemple. Leur présence dans les vignes limite la prolifération de certains insectes.
En France un peu plus de 80 ruches connectées ont déjà été installées. Le concept est développé depuis 4 ans.