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Canicule dans les vignes : comment expliquer l'ampleur des dégâts ?

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L'épisode de canicule du 28 juin a causé d'importants dégâts dans les vignes héraultaises. Raisins brûlés, feuilles séchées en quelques heures, un phénomène que l'on avait jamais observé dans le département. Un chercheur en agroclimatologie de Clapiers analyse cet événement exceptionnel.

Des vignes brûlées par le soleil à Cournonsec
Des vignes brûlées par le soleil à Cournonsec © Radio France - Sébastien Garnier

Le préfet de l'Hérault et le président de la chambre d'agriculture se sont rendus ce lundi après-midi à Cournonsec (Hérault), l'une des communes où le vignoble a été durement touché par la canicule de vendredi dernier (28 juin, plus de 45 degrés enregistrés). Un gros tiers du vignoble est touché. "Feuilles séchées, raisins brûlés", certaines parcelles surtout à l'est du département sont détruites à 100%. Une cellule d'urgence est activée, les agriculteurs sinistrés doivent se faire connaître au 04 67 20 88 17. Une procédure de calamité agricole est enclenchée, les agriculteurs bénéficieront d'exonérations fiscales, d'un étalement ou d'un report de cotisations sociales ou encore d'une année blanche pour les crédits auprès de leur banque.

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Le préfet de l'Hérault Pierre Pouessel (au centre sur la photo)  dans les vignes brûlées à Cournonsec
Le préfet de l'Hérault Pierre Pouessel (au centre sur la photo) dans les vignes brûlées à Cournonsec © Radio France - Sébastien Garnier

L'analyse d'un scientifique

Après cet épisode caniculaire d'une ampleur inédite, des questions se posent. Que s'est il passé  précisément pour causer de tels dégâts ? Quelles sont les parcelles qui ont été les plus abîmées ? Cet événement risque-t-il de se reproduire, cet été ou dans les années à venir?

Nous avons posé ces questions à un spécialiste, Serge Zaka chercheur en agroclimatologie à ITK une entreprise de Clapiers spécialisée dans l'intelligence artificielle appliquée à l'agriculture. Fondée il y a 15 ans, ITK  développe des outils d’aide à la décision pour les agriculteurs et la production d’appareils de mesure en temps réel.

Actuellement n°1 sur le marché mondial de l’agriculture connectée, les domaines d’intervention d’ITK concernent autant la culture des terres (plus d’un million d’hectares) que l’élevage (plus de 350.000 vaches connectées dans le monde).

L'effet sèche cheveux

Il y a deux éléments scientifiques qu'il faut retenir pour comprendre ce qu'il s'est passé explique Serge Zaka : "Premièrement nous sommes passés en seulement deux jours de 30 degrés à près de 46 degrés donc les végétaux n'étaient pas préparés, ils n'avaient pas des feuilles adaptées à cet événement soudain. Deuxièmement, le couplage du vent à la température a multiplié par dix la transpiration de la plante. Résultat, la feuille a complètement perdu son eau et le végétal voyant qu'il perdait son eau a envoyé des signaux pour détruire toutes ces feuilles. Un réflexe d'autoprotection pour préserver les réserves dans les racines". 

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Les vignes irriguées ont mieux résisté mais globalement la canicule n'a pas fait de tri : vignes bio ou conventionnelle, traitées ou pas, tous types de sols... Il est trop tôt pour tirer des conclusions prévient Serge Zaka. Le seul constat que l'on fait c'est que les parcelles soumises au vent ont été les plus abîmées.  

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Ce phénomène exceptionnel va t-il se reproduire ? 

"Il est peu probable, même s'il est impossible de l'exclure totalement, qu'il y ait un nouvel épisode de canicule de cet ampleur d'ici la fin de l'été dans la région. En revanche, dans les années à venir, les scientifiques s'accordent à dire que les canicules vont se multiplier, elles seront plus précoces, ou plus tardives, quelles seront plus longues et avoir des amplitudes plus élevées. Il est crucial pour les chercheurs de comprendre ce qu'il s'est passé pour améliorer les projections des modèles agroclimatologiques pour comprendre les effets du changement climatique sur l'agriculture", conclut Serge Zaka. 

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Les vignes ne sont pas les seules végétaux à avoir souffert. Les filières horticoles, fruits et légumes, grandes cultures et élevage sont aussi en cours d'expertise.

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