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Carottes de Créances : "Pas de solution, les producteurs se sentent trahis" d'après la FDSEA
Invité de France Bleu Cotentin ce 24 avril, Jean-Luc Leblond, de la FDSEA manchoise, a dénoncé un manque de solutions pour les producteurs de carottes des sables à Créances. Un an après l'interdiction du dichloropropène, pesticide potentiellement cancérigène, la filière est plus que jamais menacée.

Les semis de carottes des sables commencent dans quelques jours, dans le secteur de Créances. Dans quel état d’esprit se trouvent nos producteurs ?
Jean-Luc Leblond, responsable de la section Légumes à la FDSEA de la Manche : "Les producteurs sont très inquiets. Ils se sentent trahis parce qu’on nous avait quand même promis un plan d’accompagnement et de transition. Je peux vous dire qu’ils sont très en colère sur leur exploitation. On nous avait promis un tas de choses depuis un an, et on n’a aucune avancée . Je n’ai eu aucune confirmation écrite pour les producteurs."
Il y a un an, on parlait déjà de mille emplois plus ou moins directement menacés dans le secteur de la carotte des sables. Est-ce qu’on en sait davantage aujourd’hui ?
"Non ! Rien du tout, on n’a pas de solution et pas de plan d’accompagnement. Certaines exploitations ont déjà décidé d’arrêter la production et de mettre la clé sous la porte, on licencie en ce moment. Ça représente quand même 40 000 tonnes de carottes, c’est 50% de la production normande qui est en péril pour le moment, et on parle quand même d’une filière d’excellence, la carotte de Créances ! Conservée dans les sables, naturellement, sous la paille … C’est important dans la région."
Vous parlez de licenciements, combien de producteurs sont concernés ?
"À l’heure où on parle, la FDSEA a déjà acté entre 80 et 100 licenciements. Dans le secteur de Créances, il y a environ 250 employés pour une soixantaine d'exploitations."
Vous aviez rencontré la région et le département ces derniers mois. Finalement, vous regrettez qu'il y ait eu beaucoup de discussions pour pas grand-chose de concret ?
"Du tout, aucun concret ! On nous promet, mais ce ne sont que des paroles, il n’y a rien d’écrit. Les producteurs sont dans le flou et nous aussi. On ne sait plus trop comment résoudre le problème, on a frappé à tellement de portes pour trouver des solutions."
Justement, qu’est-ce qu’il vous faudrait concrètement pour aborder cette période de semis sereinement ?
"Il nous faudrait une transition. Qu’on ait la possibilité de produire un certain nombre d’hectares de carottes pour maintenir notre marché, notre identité … et mettre le plan d’accompagnement et de transition en place pour pérenniser la production dans les années à venir. Ca permettrait aux exploitations d’y voir plus clair et à des jeunes de s’installer."
Qu’est-ce qui vous manque le plus aujourd’hui ? Des aides financières ?
"C’est l’application du règlement européen. On interdit des produits en France, comme ce fameux dichloropropène, alors que d’autres pays européens sont autorisés par dérogation à les utiliser. Quand on veut faire un marché unique, on fait un règlement unique ! On sait qu’il faut diminuer les pesticides pour l’environnement, on en est conscients, mais si on est les seuls à faire l’effort, ça va créer une concurrence déloyale. En Espagne, en Italie, ce produit est autorisé. Nous, on n’y a plus droit depuis deux ans. Il y a concurrence déloyale et distorsion : on est en train de mettre dans l’assiette des consommateurs ce qu’on ne veut pas produire en France ! Il faut que ce soit la même règle pour tout le monde."
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