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Creuse : la culture du sarrasin fait son retour
La culture du sarrasin fait un retour discret, mais bien réel en Creuse. Depuis 2016, le Parc Naturel Régional de Millevaches tente de faire revivre une filière autour de cette culture, aussi appelé blé noir. De nombreux agriculteurs se laissent séduire sur le plateau.

En Creuse, la culture du sarrasin fait son retour. Vous êtes peut-être déjà passé devant une parcelle, recouverte par une plante touffue, dotée de toutes petites fleurs blanches. Il s'agit vraisemblablement de sarrasin, aussi appelé blé noir. Actuellement, c'est la période de la récolte du sarrasin: certains champs sont déjà moissonnés. Il ne reste que les variétés les plus tardives à ramasser.
Depuis plusieurs années, le Parc Naturel Régional de Millevaches, en partenariat avec certaines collectivités, ainsi que les chambres d'agricultures du Limousin, essaie de relancer cette culture. Cette politique semble porter ses fruits, puisque entre 2017 et 2018 les surfaces dédiées au sarrasin ont augmenté de près de 50%. En 2017, 53 hectares de sarrasin avaient été semés, contre 72 hectares en 2018 .
Le Sarrasin, une vieille histoire d'amour avec le Limousin
Autrefois, cette plante était très cultivée dans le Limousin. C'est même avec sa farine que l'on faisait le "pain du pauvre". Cependant elle a été abandonnée après la seconde guerre mondiale. Elle n'était pas jugée assez productive. Paradoxalement, c'est ce qui a plu à Nicolas Dupond, éleveur et céréalier bio basé à La Nouaille.
"J_e prends beaucoup de plaisir avec toutes ces variétés qui ont été abandonnées parce qu'elles ne rentraient pas dans le système économique d'aujourd'hui_", déclare le jeune agriculteur. Depuis quatre ans, il cultive du sarrasin. Il trouve beaucoup de qualités à cette plante.
Une plante sans gluten
Les graines de sarrasin sont à peine plus grosses qu'un grain de blé. Elles sont en forme de trigone, (triangulaires), de couleur marron. Par ailleurs elles ne contiennent pas de gluten. "C'est pour cette raison que cette plante a le vent en poupe", explique Nicolas Dupond.
Le sarrasin peut-être utilisé pour faire de la farine, mais il peut aussi être consommé en graine entière ou encore brassé, pour être transformé en bière.
Le sarrasin présente d'autres avantages. Pour commencer, elle s'adapte très bien aux sols pauvres et acides, comme celui du plateau de Millevaches: "Elle est aussi très touffue, elle a donc tendance à étouffer les autres plantes indésirables dans les champs. En résumé elle nettoie les sols", explique Nicolas Dupond. Cette caractéristique est très appréciable pour tous ceux qui optent pour l'agriculture biologique.
Des rendements assez instables
Nicolas Dupond cultive du sarrasin depuis 4 ans. Néanmoins, cette plante continue de lui réserver quelques mauvaises surprises: " La première année j'ai fait 5 hectares, la deuxième année j'en ai fait 10. Cette année, j'étais parti sur 20, mais la moitié des champs n'ont pas pris. Je suppose qu'il a dû geler", raconte l'agriculteur.
Cette année, le Creusois espère récolter 10 quintaux de sarrasin à l'hectare.
Diane Magnaudeix, conseillère en agriculture bio à la chambre d'agriculture de la Creuse confirme cette analyse: la culture du sarrasin est très aléatoire. "On peut osciller entre zéro et 25 quintaux à l'hectare". Actuellement, la jeune femme mène des essais sur trois variétés de sarrasin différentes, afin de déterminer laquelle est la plus adaptée à notre territoire, tout en ayant des débouchés.
Une récolte méticuleuse
Le sarrasin se récolte à l'automne de mi septembre à novembre, selon les années et les territoires. Une fois moissonnés, les grains doivent être rapidement séchés pour d'éviter les moisissures qui peuvent engendrer des mycotoxines.
Il faut aussi trier le sarrasin. "D'autres plantes peuvent se développer dans le même champs", explique Nicolas Dupond, "mais lorsqu'on veut faire de la farine, il faut qu'elle soit le plus pur possible. Nous devons notamment éviter toutes les plantes qui contiennent du gluten".
Un seul grain de blé peut polluer 5000 grains de sarrasin
Pour effectuer ce tri, Nicolas Dupond a recours à une machine qui trie mécaniquement les grains de sarrasins. Il s'agit d'un système de tamis.
"Lorsque le sarrasin est de bonne qualité, il se vend très bien", assure l'agriculteur qui vend surtout à des moulins bretons. "Nous avons déjà vendu du sarrasin 900 euros la tonne, pour de l'alimentation humaine. En revanche, si la qualité n'est pas au rendez-vous, c'est compliqué". La récolte doit alors être vendue pour l'alimentation animale, et les prix peuvent facilement être divisés par deux.
Difficile de trouver des débouchés dans le Limousin
Sur le plateau de Millevaches, une douzaine d'agriculteurs s'investissent dans le "groupe sarrasin" de la chambre d'agriculture. Mais bien souvent, ils ont du mal à écouler leurs stocks en local. Généralement, ils vendent leur récolte à des moulins ou des coopératives bretonnes. Le projet du Parc Naturel Régional de Millevaches et de la chambre d'agriculture est de développer cette filière en Creuse et dans le Limousin.
"On aimerait produire du sarrasin valorisé localement. Ça implique des débouchés sur place: des moulins, des biscuiteries, qui pourraient vendre leurs gâteaux ou leurs crêpes de blé noir", explique Diane Magnaudeix. Mais la jeune femme reconnait que "c'est là que ça coince". Les débouchés ne sont pas encore assez nombreux dans le Limousin. Pourtant, des expérimentations sont lancés, ainsi une expérimentation de bière au sarrasin a été lancée par une brasserie de Chamboulive, en Corrèze.
Les agriculteurs qui cultivent le sarrasin envisagent aussi de mutualiser leurs coûts en montant un centre de tri de pointe pour le sarrasin. Le projet n'est pas encore lancé.
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