Des champignons creusois pourraient devenir un remède pour la vigne et les céréales
Les pleurotes, c'est excellent dans l'assiette, mais c'est aussi très bon pour les cultures. Un laboratoire de Limoges s'associe à un producteur creusois pour mettre au point un remède naturel qui protégera vignes, céréales et vergers des maladies.
C'est un joli champignon gris qui pousse en grappe. Cela fait 30 ans que l'entreprise ChampiCreuse le produit sous de grandes serres à Saint Marc-à-Loubaud, Saint Yriex-La-Montagne et depuis plus récemment dans un ancien tunnel SNCF du côté de La Courtine. Cette société familiale montée par deux frères, Bruno et Olivier Bianchi, en cultive 200 tonnes par an, ce qui fait de ChampiCreuse le deuxième producteur français.
Un remède naturel pour diminuer l’utilisation de pesticides
Cette société du Plateau de Millevaches travaille aujourd'hui main dans la main avec un laboratoire de Limoges. Covertis, une start-up en chimie, s’intéresse de près aux vertus de ce champignon :
"On a commencé à explorer la composition chimique de la pleurote, qui est relativement unique et peu exploitée, explique Charlotte Moine , la présidente de Covertis, et on sait désormais qu'elles recèlent des molécules capables de protéger les cultures. Ce ne sont pas des solutions qui vont remplacer totalement les pesticides, mais ce sont des solutions qui vont en diminuer l'utilisation."
Le produit sera efficace pour les grandes cultures de céréales, la vigne, les vergers. Cela renforcera les défenses de la plante contre toutes formes d'agressions comme le gel, la sécheresse, mais aussi certains types de maladies. "ça ne va pas remplacer le glyphosate, précise Charlotte Moine, car ce n'est pas un herbicide, mais un remplaçant aux pesticides." En fait la pleurote va même se transformer en fongicide, c'est à dire qu'elle va lutter contre l'installation de champignons parasites sur les cultures.
Covertis travaille sur la bonne formule et espère faire homologuer son remède d'ici 2021
Une production multipliée par 10, et des emplois
C'est une aubaine pour ChampiCreuse, qui envisage de produire jusqu'à 1500 tonnes de champignons, soit un volume multiplié quasiment par 10 "Il faudra employer 20 nouvelles personnes, se réjouit Olivier Bianchi, des emplois accessibles sans qualifications techniques pour nous aider dans la culture et la récolte. Quant aux terrains, on peut en trouver sans trop de difficultés. Les communes environnantes sont intéressées par notre projet."
De passage sur le Plateau de Millevaches, François De Rugy, le ministre de la Transition Ecologique s'est montré très intéressé par cette idée "de substitution à la chimie et aux produits phytosanitaires".