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En immersion à bord d'un bateau picard de pêche à la coquille

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France Bleu Picardie vous embarque sur le Marina, l’un des rares bateaux samariens qui pêche la coquille Saint-Jacques près des côtes, à la frontière entre la Picardie et la Normandie.

Yohan Derosière (à gauche) et son matelot, William , en plein tri de coquilles Saint-Jacques Yohan Derosière (à gauche) et son matelot, William , en plein tri de coquilles Saint-Jacques
Yohan Derosière (à gauche) et son matelot, William , en plein tri de coquilles Saint-Jacques © Radio France - François Sauvestre

La saison de la coquille Saint-Jacques, débutée le 1er octobre bat son plein. Et la demande en "Pecten Maximus" est forte. La France est le deuxième pays au monde consommateur de coquilles derrière les Etats-Unis. Selon FranceAgriMer, 150 000 tonnes sont consommées chez nous par an, dont une majorité est importée. 

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William, le matelot avant la remontée des bâtons à coquilles
William, le matelot avant la remontée des bâtons à coquilles © Radio France - François Sauvestre

Le fruit de mer est particulièrement prisé pendant les fêtes de fin d’année. Autant dire qu’à bord du Marina, l'un des rares bateaux de la Somme à pêcher la coquille, on ne chôme pas, dans des conditions de travail souvent difficiles. Du départ du Tréport à 9h30 du matin jusqu'au retour à quai à minuit, France Bleu Picardie vous raconte une journée aux côtés du patron de l'embarcation, Yohan Derosière et son matelot, William. 

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"Là je demande l'autorisation de sortie, on passe l'écluse, on sort du port et on arrive en pleine mer." Ce matin là, le soleil de décembre est pâle mais bien présent. Comme une petite dizaine de bateaux, le Marina met le cap au large de la centrale de Penly pour aller y pêcher la coquille Saint-Jacques. Après une bonne heure de navigation sur une mer "relativement calme", selon le marin, le bateau arrive sur zone et la pêche peut commencer. "On espère que ce sera meilleur qu'hier, on a fait que 350 kilos", raconte Yohan Derosière qui constate que les gisements sont assez faibles cette année. 

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Par amour de la mer

Dans un roulis permanent, au milieu des bruits de moteurs et des odeurs de carburant, il enchaîne les tours de pêche. Douze heures autorisées en tout et pas une minute de plus au risque de s'exposer à une amende des affaires maritimes. Les sorties s'enchaînent et les semaines sont chargées. "Il ne faut pas regarder aux heures, si ce week-end il y a beau temps, on est en mer. Si le samedi soir il y a un mariage, on n'y compte pas, la femme va au mariage, nous on est en mer. Pareil pour un anniversaire. C'est une vie assez spéciale mais on a pas le choix il faut y aller, il faut que le bateau ramène des sous, que le matelot soit bien payé", raconte Yohan Derosière qui ajoute qu'il fait ce métier "par amour" de la mer. 

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Ce jour là, le Marina ramènera près d’une demi tonne de coquille Saint-Jacques qui sera vendue aux parents de Yohan Derosière qui tiennent un point de vente directe au Crotoy. Le reste du stock sera écoulé dans une poissonnerie d'Abbeville et pour des commandes via les comités d'entreprises. Prix actuel de la coquille qui se fait rare cette année : quatre euros le kilo. 

Les inquiétudes liées au Brexit

Pour Yohan Derosière, le tarif est correcte même s'il ne suffit pas toujours à payer les charges : le salaire du matelot, le gasoil, l’entretien du bateau. Et à ces difficultés conjoncturelles s’ajoutent des incertitudes sur l’avenir. En cas de Brexit sans accord le 31 décembre, les eaux anglaises seront interdites et pour Yohan Derosière qui reste côté français avec son petit bateau, il y a un risque de saturation avec l'arrivée de chalutiers plus gros, notamment les "bateaux usines" venus de Hollande. 

Yohan Derosière, patron pêcheur et son matelot, William
Yohan Derosière, patron pêcheur et son matelot, William © Radio France - François Sauvestre

Autre gros sujet de crispation pour le patron pêcheur, le futur parc éolien offshore. "Cent mètres carrés qu’on m’ampute", peste Yohan Derosière qui face à ces difficultés et ces incertitudes, dues notamment à l'effondrement des prix du poissons et à ces contraintes envisage même de se reconvertir une partie de l’année. 

A bord du Marina, au large du Tréport
A bord du Marina, au large du Tréport © Radio France - François Sauvestre
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