Grippe aviaire au Pays Basque : ils refusent l'abattage systématique de leurs canards kriaxera
Les palmipèdes situés dans un rayon de 5 kilomètres autour d'un foyer de grippe aviaire doivent tous être abattus. Les éleveurs de la race kriaxera refusent que leurs animaux sains soient tués et mettent en avant la résistance de cette race.
On défend nos convictions, on appelle les copains et on résiste." Agnès Sallaberry est éleveuse de canards à Ilharre en Pays Basque et elle se dit prête à s'opposer à l'abattage de ses canards. Son élevage est pourtant situé dans une "zone de protection", ces zones rouges instituées par le ministère de l'agriculture pour lutter contre le virus H5N8 de la grippe aviaire. Dans un périmètre de 5 km autour d'un élevage contaminé, tous les palmipèdes doivent être abattus. Cette décision, Agnès Sallaberry ne la comprend pas, surtout si elle concerne des canards sains et de la race locale kriaxera.
Entretien avec le Préfet
Ce mardi, les éleveurs de la race locale kriaxera syndiqués à ELB-Confédération Paysanne ont eu un entretien en visio-conférence avec le préfet des Pyrénées-Atlantiques pour lui demander d'être exemptés d'abattage. Ils se basent sur des tests qui prouveraient que cette race est beaucoup plus résistante au virus H5N8 et que les individus infectés ne développent pas de signes cliniques de la maladie. Longtemps préservé, le Pays Basque a été touché par un premier foyer à Lichos il y a quelques semaines, puis deux autres à Amorots-Succos et à Bidache.
En 2017, une guérilla avait opposé les services vétérinaires de la DDTM (direction départementale des territoires et de la mer) et de la DDPP (protection des populations) aux éleveurs qui refusaient l'abattage. "Ça nous a coûté cher, mais on a gagné face à l'administration, les paysans ont été relaxés" rappelle Agnès Sallaberry qui souligne aussi : _"Ça coûte cher financièrement mais aussi humainement_. Au cours d'une réunion une éleveuse nous a dit: "j'ai pas cicatrisé de 2017", c'est fort, ça nous prend aux tripes ! On le fait pas de bon cœur ! Nos canards sont sains et on voit pas pourquoi ils seraient abattus".
Prêts à s'opposer à l'abattage
Comme en 2017, les éleveurs se disent prêts à s'opposer à l'abattage systématique des canards sains. "On réfléchit à ce qu'on va faire : laisser faire l'administration ou alors défendre nos convictions, appeler les copains et résister", lance l'éleveuse d'Ilharre. Alors que plus d'un million de canards ont été abattus dans les Landes, on en était à 112.000 canards élimines dans les Pyrénées-Atlantiques au 22 janvier.