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La commune de Charroux se déchire sur le projet de porcherie bio

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Depuis près de trois mois, les 9 porteurs du projet dénoncent un climat délétère dans la commune de Charroux. Leur porcherie bio ne plaît pas à tout le monde. Certains habitants, régroupés en collectif d'opposants, multiplient les "mises en garde", comme ce vendredi lors d'une réunion publique.

Ce projet prévoit l'engraissement de 1.974 porcs dans la commune.
Ce projet prévoit l'engraissement de 1.974 porcs dans la commune. - Maxppp

Un coest avec des graffitis sur la route, à l'entrée de la commune, que Charroux se dévoile. Plusieurs inscriptions à l'encre blanche "Non à la porcherie", comme le témoignage d'une situation tendue dans ce petit village rural du Sud-Vienne. Depuis trois mois, le vivre-ensemble en prend un coup. Ce vendredi soir en est le parfait exemple. 

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La petite salle, à côté de la mairie, est remplie. Plus de 150 habitants sont venus assister à une réunion publique sur le projet de porcherie bio, un projet qui divise. A l'initiative de ce rassemblement : le collectif d'opposants. Ils revendiquent être au moins 250, mais ils sont à peine une dizaine assis au premier rang. Derrière, les 9 porteurs de projet, issus des GAEC du Pâtureau et de Saint-Laurent, bouillonnent en silence, pour l'instant.

Près de 150 personnes étaient présentes à la réunion publique.
Près de 150 personnes étaient présentes à la réunion publique. © Radio France - Adrien Bossard

D'emblée, Philippe Mascaro, porte-parole du collectif d'opposants, le promet. "Ce sera un débat constructif et le plus équitable possible. Chacun aura le même temps de parole". Prometteur sur la papier. Ce sera finalement le seul moment calme d'une soirée agitée.

Philippe Mascaro s'empare du micro, l'audience les yeux rivés sur lui. Il commence par énumérer les points de désaccords. Les absences d'enquête publique et d'enquête d'impact, les nuisances olfactives que représenterait cette porcherie bio, et le projet en lui-même, "un mensonge bien orchestré", dit-il. "C'est un calcul très malin. La porcherie bio n'aura jamais plus de 1.974 porcs sur le site. C'est très précis, et ce n'est pas 2.000 juste pour éviter l'enquête publique. En vérité, on nous présente le premier volet d'un projet bien plus important encore. Car c'est systématique, dans les trois années qui suivent, il y a toujours une demande d'extension, demande qui est toujours accordée."

Quelques murmures s'emparent de la salle. Avant que plusieurs éleveurs ne montent au créneau. "Vous racontez n'importe quoi, avez-vous seulement tenté de discuter avec les porteurs de projet ? Non, évidemment. Vous préférez monter les gens contre eux, c'est plus simple."

"Cela répond à une demande", Sébastien, l'un des porteurs de projet

Invité à s'expliquer, Sébastien, l'un des associés de cette porcherie bio, va passer les premières minutes de son temps de parole imparti à dénoncer "les intimidations" dont il fait l'objet depuis trois mois, depuis la pancarte posée sur la future parcelle à l'extérieure de la commune. Une pancarte indiquant que la consultation publique est lancée et qu'elle est disponible en mairie. Le début des ennuis. "Ma soeur a été frappée par l'un des vos soutiens, nous avons reçu des menaces, des lettres anonymes dans les boîtes aux lettres, et vous n'avez eu de cesse de désinformer les gens avec des chiffres grotesques."

Une partie des porteurs de projet, juste avant le début de la réunion publique.
Une partie des porteurs de projet, juste avant le début de la réunion publique. © Radio France - Adrien Bossard

Le céréalier prend ensuite le temps de détailler son projet. "Tout est parti d'une discussion avec des gens d'Intermarché, il y a deux ans et demi. Ils regrettaient de ne pas avoir assez de contrats avec des éleveurs bio en France. Car aujourd'hui, la France ne produit que 40% de la consommation bio. Le porc vient d'Allemagne ou de Pologne. J'ai donc envie de me lancer là-dedans." 

Mais pas tout seul. Il fait appel à un autre GAEC de la commune, spécialisée également dans les céréales. Ne reste plus qu'à trouver les cochons pour les engraisser sur place, dans un bâtiment de 8.000 mètres carrés, au lieu-dit "La tombe du pèlerin", où "la première habitation se situe à 530 mètres". Sébastien et ses associés trouvent finalement quatre éleveurs en Loire-Atlantique, prêts à s'investir. "Quand on me parle d'étude d'impact, de coût environnemental, c'est quand même mieux que d'aller faire engraisser les bêtes en Italie, ce qu'on retrouve beaucoup dans l'agriculture conventionnelle."

Un contrat sur 12 ans pour un investissement de 6 millions d'euros

Ils vont ensuite signer un contrat de 12 ans avec Intermarché, et promettent un élevage "sur paille, sans lisier et donc sans odeur". Pas de quoi convaincre les quelques récalcitrants à l'issue de la réunion. Chacun repart aussi convaincu qu'au début. Un dialogue de sourds qui pourrait trouver un écho dans les prochains jours. Ce lundi, la consultation publique se termine. La préfecture peut alors décider ou non du début des travaux, un investissement qui représente 6 millions d'euros.

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