Le réseau Bio en Grand Est dénonce la baisse des aides à l'agriculture biologique en 2020
Le plafond des aides publiques attribuées en soutien à la conversion à l’agriculture biologique, dans le cadre de la Politique Agricole Commune (PAC), est en baisse cette année. Un signal qui ne va pas dans le sens du soutien à la transition écologique pour les représentants de la filière.
C'est une mauvaise surprise sous le sapin cette année pour les producteurs en agriculture biologique de la région Grand Est. Le plafond des aides distribuées chaque année, dans le cadre de la Politique Agricole Commune (PAC), est en baisse, passant de 30 000 euros par an et par exploitation pendant 5 ans, à 25 000 euros pour l'année 2020.
Ce soutien sert notamment à accompagner les investissements des producteurs dans l'achat de matériel pour assurer leur conversion en agriculture biologique, et compenser le manque de rendements les premières années. Il est financé pour moitié par l'Europe, et pour moitié par les financeurs publics nationaux : les Agences de l'Eau, les Conseils régionaux et l'État, via les services de la DRAAF ( Direction régionale de l'Alimentation, de l'Agriculture et de la Forêt).
C'est un très mauvais signal à envoyer pour accompagner la transition du modèle agricole - Laurent Cousin, Président de Bio en Grand Est
Plus de surfaces en bio cette année
Cette année, il y aurait eu plus de conversions en bio en 2020 qu'en 2019 dans la région Grand Est, selon Laurent Cousin : Je pense qu'on peut s'en féliciter. Notre grande région a du retard, classée 7e au niveau national en termes de surfaces agricoles". Le bio y représente 6% des surfaces agricoles en 2020. Il est de l'ordre de 9% dans le département, avec 268 producteurs engagés en bio en Moselle en 2019.
On sera peut-être plus nombreux à vouloir d'un gâteau dont on ne connait pas la taille - Laurent Cousin
Cette année, une soixantaine de producteurs bio, sur les 3000 que compte le Grand Est, sont pénalisés par cette baisse des subventions octroyées au moment de la conversion . Ils s'étaient engagés en cours d'année et n'ont découvert la nouvelle règle qu'en décembre. Il s'agit plutôt de grosses exploitations, qui auraient pu toucher le maximum du plafond autorisé. Les aides sont en effet calculées à l'hectare, en fonction des surfaces agricoles cultivées en bio.
Un signal peu encourageant pour la transition agricole
Laurent Cousin aimerait revoir en partie ce mode de paiement à l'hectare, qui favorise la croissance par la taille, pour "privilégier le qualitatif". Il espère notamment voir une future Politique Agricole Commune qui inclut un paiement en service environnemental : " Quand on est paysan bio, on travaille à améliorer la qualité de l'eau qui viendra au consommateur, la qualité de l'air, à préserver la qualité du sol pour les générations futures, et à nourrir la biodiversité. Voilà le service rendu à la société ", rappelle Laurent Cousin.
Ce n'est pas le moment de diminuer les aides
Son organisation réclame plus de visibilité aux décideurs publics sur les soutiens à la transition agricole : " on a besoin de clarté du discours politique, et de lisibilité à moyen terme ", déclare-t-il.