Marchés suspendus et prolongement du confinement : les légumiers manchois sont inquiets
Le gouvernement va bientôt annoncer la prolongation du confinement. En attendant, les marchés sont suspendus, sauf dérogations. Alors que les récoltes de légumes d'hiver se terminent, les maraîchers manchois sont inquiets pour la suite.
Dans les prochains jours, le gouvernement devrait annoncer le prolongement du confinement. Dans ce contexte, la FNSEA appelle les volontaires à aider dans les champs et explique manquer de 200.000 personnes dans le secteur. Une situation qui affecte moins les maraîchers manchois, plus préoccupés par la suspension des marchés sauf dérogation.
Dans le premier département normand producteur de légumes, les agriculteurs ont fait face à une explosion de la demande la semaine dernière. "La situation se calme, on arrive à la fin de la récolte des légumes d'hiver et on n'a pas de nouvelles cultures avant 15 jours", explique Jean-Luc Leblond, responsable de la filière à la FDSEA.
"Certaines exploitations font face à des soucis d'absentéisme, pour garder les enfants notamment, mais c'est très aléatoire", ajoute-t-il. Ce maraîcher à Barneville-Carteret a dû lui-même refuser des coups de main proposés par ses voisins.
"Dans cette période, nous avons d'habitude une main d'oeuvre étrangère nécessaire, raconte ce syndicaliste. Il y aura peut-être de gros besoins d'ici quelques temps pour récolter ou planter les légumes de printemps."
"La filière est orientée vers la grande distribution"
Un avis partagé par Philippe Jean, vice-président du groupement des producteurs de légumes de la Manche : "Dans l'ensemble, nous sommes passés entre les gouttes, le plus gros du travail est passé. Pour certaines productions comme les poireaux, on peut même attendre jusqu'à la mi-juin pour la récolte."
La fermeture des marchés ne devrait pas non plus poser de problèmes selon lui pour la plupart, "la filière est organisée et orientée vers la grande distribution."
"On va aller vers des destructions de récoltes"
Mais pour les autres, comme Jean-Christophe Lebailly, producteur à Créances, la situation devient compliquée. "Avec l'arrêt des marchés, on a transféré les salariés vers la récolte", raconte-t-il.
"Après huit jours très tendus", l'activité se calme dans son exploitation où 70% des parcelles sont encore gorgées d'eau, malgré le retour du beau temps. Son problème n'est pas la récolte, mais l'écoulement de ses produits.
"Certaines récoltes comme les salades ou les poireaux ne peuvent pas attendre. On fait de la vente aux détails, mais ça compense pas l'arrêt des marchés, poursuit ce maraîcher. A ce rythme, on va aller vers des destructions de récoltes."