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Recensement agricole : comment l'agriculture a-t-elle évolué ces dix dernières années en Berry ?

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C'est une photo instantanée de l'agriculture à l'échelle européenne, nationale, régionale et même départementale. Le recensement agricole a lieu tous les dix ans. Les résultats du recensement 2010-2020 viennent d'être dévoilés. Ils révèlent les changement à l'œuvre dans l'Indre et dans le Cher.

Un veau dans une ferme de Saint-Maur (Indre). Un veau dans une ferme de Saint-Maur (Indre).
Un veau dans une ferme de Saint-Maur (Indre). © Radio France - François Chagnaud

Le recensement agricole a lieu tous les dix ans en France mais aussi dans l'ensemble des pays européens. Élevage, culture, taille des exploitations, profil des agriculteurs : il permet d'avoir une photographie à l'instant T de la profession d'agriculteurs et donc d'observer sur le long terme les changements qui s'y opèrent. Le dernier a eu lieu entre l'automne 2020 et le printemps 2021, les premiers résultats viennent d'être dévoilés. Moins d'exploitations, moins d'élevages mais plus de bio, voilà quelques-uns des enseignements que livre cette dernière cuvée du recensement concernant l'agriculture berrichonne.

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Des exploitations toujours moins nombreuses mais toujours plus grosses .

Parmi les constats de ce recensement agricole 2020, il y a d'abord la confirmation des tendances observées ces dernières décennies dont la première d'entre elles : il y a toujours moins d'exploitations en France et le Berry n'échappe pas à la règle. Elles ont diminué de 23% dans l'Indre et de 17% dans le Cher. Cependant, il y a une réelle différence de situation entre les deux départements. "Le Cher perd à peu près 650 exploitations sur les dix dernières années et c'est un peu plus de 1.100 dans l'Indre", explique Gaëtan Buisson, chef du service statistiques et économique de la direction régionale de l'alimentation, de l'agriculture et de la forêt. Si dans le Cher la baisse ralentit enfin, dans l'Indre elle s'accélère mais il rappelle que "les grosses baisses de nombre d'exploitations ont eu lieu entre les années 1980 et 2000."

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Paradoxalement, moins les exploitations sont nombreuses, plus elles grossissent. En résumé, elles absorbent leurs voisines pour rester rentables et permettre à leur détenteur de se tirer un revenu correct. Ainsi, la surface agricole de chaque département reste stable. "On a perdu 3.000 hectares dans le Cher et 6.000 dans l'Indre, ce qui représente respectivement 2,7% et 1,3% de la surface agricole de ces deux départements, donc c'est relativement peu", précise Gaëtan Buisson. 

L'agriculture berrichone reste majoritairement tournée vers la culture végétale comme les blés et l'orge. (photo d'illustration)
L'agriculture berrichone reste majoritairement tournée vers la culture végétale comme les blés et l'orge. (photo d'illustration) © Radio France - Clément Soubigou
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Dans le même temps, les exploitations se sont agrandies de 20% dans le Cher où la taille moyenne est de 136 hectares, et même de 29% dans l'Indre où la taille moyenne est de 120 hectares. "Les céréales jusqu'en 2021 pâtissaient de prix relativement faibles. Ce n'est pas le cas cette année, mais le prix de la viande a également fortement baissé. Ces deux contraintes font que les exploitants, pour pouvoir vivre de leur métier, sont parfois contraints d'augmenter la surface exploitée et ainsi compléter un peu leurs revenus", explique Gaëtan Buisson.

Moins d'élevage et plus de cultures .

Toujours dans cette logique, pour s'adapter à un contexte économique national et mondial, l'agriculture berrichonne a changé de spécialité. C'est simple : plus d'un tiers des élevages ont disparu dans le Berry. Il y en a 226 en moins dans le Cher, tandis que 252 ont disparu dans l'Indre ces dix dernières années. Dans le même temps, l'horticulture et le maraîchage progressent dans l'Indre, et sont ceux qui reculent le moins dans le Cher. C'est particulièrement visible grâce à Vis'agreste, un outil développé par le ministère de l'Agriculture .

À quoi ressemble l'agriculture dans l'Indre en 2020 ?
À quoi ressemble l'agriculture dans l'Indre en 2020 ? - Vis'Agreste

Concrètement, en 2020, l'agriculture berrichonne est majoritairement tournée sur les grandes cultures, la polyculture et, malgré son recul, l'élevage. "La majorité des exploitations de ces deux départements est orientée sur les grandes cultures, c'est à dire blé, orge et colza en particulier. Ça peut être aussi des pois protéagineux, des choses comme ça. Ensuite viennent les bovins. Il y a également pas mal d'exploitations, de polyculture", explique Gaëtan Buisson, qui note aussi une particularité propre au Cher avec une présence assez forte de viticulture.   

À quoi ressemble l'agriculture dans le Cher en 2020 ?
À quoi ressemble l'agriculture dans le Cher en 2020 ? - Vis'Agreste

Les labels de qualité et le bio ont le vent en poupe 

Les produits de qualité ont le vent en poupe, et cela se confirme dans les fermes du Berry.  Dans le Cher par exemple, plus de 17% produisaient sous les labels d'origines et de qualités (comme par exemple les AOP et AOC) en 2010, la progression se poursuit avec désormais 21,7% d'exploitations concernées. "Dans le Cher, c'est un quart des exploitations qui sont concernées par ces labels", indique Gaëtan Buisson qui détaille : "c'est souvent de la vigne en AOP, mais ça peut être également des fromages de chèvre."

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Dans l'Indre, c'est encore plus flagrant puisque le nombre d'exploitations se tournant vers ces signes de qualité ont doublé, passant de 5,6 % à 11,6 % en 10 ans_._

Joseph Morin cultive en Bio ses fruits et légumes qu'il vend sur les marchés de l'Indre
Joseph Morin cultive en Bio ses fruits et légumes qu'il vend sur les marchés de l'Indre © Radio France - Thierry Chareyre

L'agriculture berrichonne se tourne aussi massivement vers le bio. Le phénomène ne date pas totalement d'hier, mais le recensement permet d'observer une nette explosion dans nos deux départements. Dans le Cher et dans l'Indre, l'agriculture biologique a pratiquement quadruplé, elle a notamment bénéficié de la crise sanitaire comme nous l'expliquions lors du premier confinement en avril 2020 .

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Les agriculteurs du Cher misent sur le label Haute Valeur Environnementale
Les agriculteurs du Cher misent sur le label Haute Valeur Environnementale © Radio France - Michel Benoit

Dans le Cher, elle représente désormais 9,5% des exploitations, et 6% de celles de l'Indre. La grosse progression du Cher s'explique là encore par la vigne. "C'est le secteur qui est le plus facilement convertible en bio sur l'ensemble du territoire", précise Gaëtan Buisson. 

Des exploitations familiales et des agriculteurs qui se professionnalisent 

La majorité du travail dans l'exploitation revient à l'exploitant et sa famille , une donnée qui reste stable par rapport au recensement de 2010. Il y a en revanche un signe du progrès du côté du renouvellement générationnel, il semble enfin amorcé. En effet, si la population agricole vieillit toujours dans les deux départements, la part des jeunes exploitants progresse. "Dans l'Indre, la proportion de chefs d'exploitations âgés de plus de 60 ans est supérieure à la moyenne régionale. Dans le Cher, c'est l'inverse, ce pourcentage est inférieur à la moyenne régionale", note Gaëtan Buisson. Mais dans le même temps, "on constate  __une augmentation de la part des moins de 40 ans dans ces deux départements".

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L'autre enseignement notable de ce recensement, c'est la professionnalisation du métier d'agriculteur au niveau de la région Centre-Val de Loire. Selon Bruno Locqueville, à la tête de la direction régionale de l'alimentation, de l'agriculture et de la forêt, "ce sont 60% des exploitants qui ont un diplôme au moins égal au baccalauréat. C'est 15 points de plus qu'au précédent recensement, donc dix ans en arrière. De même, les diplômés du supérieur, représentaient 26% en 2010, ils sont 32% en 2020".

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