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Travailleurs saisonniers : les maraîchers bretons inquiets de la fin de l'exonération de charges

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Supprimer les exonérations de charges pour les travailleurs saisonniers : voilà une mesure du projet de loi de finances 2019 qui inquiète les agriculteurs. Pour les exploitants, cela représenterait 189 euros de charge en plus à payer par employé et par mois.

Les représentants de la FDSEA ont fait part de leurs inquiétudes au préfet de Bretagne sur la fin de l'exonération de charges pour les travailleurs saisonniers Les représentants de la FDSEA ont fait part de leurs inquiétudes au préfet de Bretagne sur la fin de l'exonération de charges pour les travailleurs saisonniers
Les représentants de la FDSEA ont fait part de leurs inquiétudes au préfet de Bretagne sur la fin de l'exonération de charges pour les travailleurs saisonniers © Radio France - Morgane Heuclin-Reffait

Devant la préfecture de Bretagne, l'inquiétude des représentants des agriculteurs est palpable. Après leur réunion avec le préfet de Bretagne, Christophe Mirmand, ils attendent toujours qu’on leur propose des compensations à la fin des exonérations de charges sociales pour les travailleurs saisonniers. Le dispositif qui leur permet actuellement de n'en payer qu'une partie pourrait être supprimé avec le vote du budget 2019. Il est pourtant indispensable d'après eux à la survie de leurs exploitations. 

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Des charges qui plombent les exploitations agricoles

En Bretagne, ce sont surtout les producteurs de tomates qui voient la mesure d'un mauvais œil. "Pour une petite exploitation familiale de trois hectares comme la mienne, explique Christophe Rousse, enlever l'exonération de charges sociales sur les saisonniers, ça veut dire 50.000 euros de plus à payer sur l'année ! C'est plus que le montant de nos bénéfices !".

Il envisage donc de produire moins de tomates cerise, qui nécessitent plus de main d'œuvre, pour revenir à des variétés plus classiques. Dans tous les cas, impossible pour lui de conserver les 25 travailleurs saisonniers qui doublent les effectifs dans les serres d'avril à septembre.Même constat pour Jean Guilbaud, maraîcher à Cesson-Sévigné, près de Rennes. "On peut être amené à diminuer le niveau de gamme de nos produits, avec des cultures qui nécessitent moins de main d’œuvre mais qui sont aussi moins rémunératrices. On rentre dans une spirale avec laquelle, dans quelques années, les entreprises seront perdues"

Dans la région de Saint-Malo, terre d'artichauts et de choux-fleurs, cette mesure pourrait avoir un sérieux impact sur le développement des exploitations explique Jean-Luc Moulin, producteur bio : 

Jean-Luc Moulin, producteur de légumes dans la région de Saint-Malo

L'inquiétude des producteurs est partagée par la Chambre d’Agriculture d’Ille-et-Vilaine. Son président Marcel Denieul estime qu’avec le retour des charges sociales sur les travailleurs saisonniers, "on peut détruire des filières entières en deux ou trois ans, car on deviendra plus cher" :

Quand un producteur étranger propose des produits moins chers car le coût de main d’œuvre est moindre, nos producteurs français doivent soit s’aligner, soit abandonner le marché. 

Des travailleurs saisonniers sur le carreau

"Être travailleur saisonnier c'est un choix pour beaucoup, explique Christophe Jousse. J'emploie les mêmes d'une année à l'autre et je les ai déjà prévenus que je ne pourrai peut-être pas tous les faire travailler en 2019". Dans certains secteurs typiquement bretons, comme le coco de Paimpol, une variété de haricot, c’est même la totalité des travailleurs qui est en contrat saisonnier. "Si on doit payer la totalité des charges sociales, on ne pourra pas garder tout le monde", explique Tanguy Rousseau, producteur de légumes dans le secteur.

Au total, ce sont plus de 53.500 saisonniers qui sont employés en Bretagne d'après la FDSEA d'Ille-et-Vilaine, sur 91.000 employés agricoles. La Chambre d’Agriculture estime de son côté qu’ils sont 30.000. Une partie d'entre eux risque de se retrouver sans emploi l'an prochain si la mesure proposée par le gouvernement est adoptée. "D'autres pourraient continuer en travail dissimulé", explique Patrick Lamy de la FDSEA d'Ille-et-Vilaine.

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