Yonne : la communication positive des agriculteurs 2.0 sur les réseaux sociaux
Ils ont décidé d'expliquer leur travail sur Internet pour combattre les préjugés : les agriculteurs icaunais de la communauté France Agri twittos cultivent une image positive des paysans sur les réseaux sociaux. Une manière de toucher directement les gens et de rompre l'isolement du métier.
C'est un groupe, un club, une communauté. Depuis quelques années, les membres de l'association #France Agri Twittos combattent les préjugés associés au monde agricole en cultivant une image positive sur les réseaux sociaux.
Ils sont près de 400 dans toute la France et une dizaine dans l'Yonne. Ils sont exploitants, ouvriers, ingénieurs, techniciens, producteurs... et leur objectif, c'est de parler de leur métier et du monde agricole de manière positive sur les réseaux sociaux : Facebook, Instagram et surtout Twitter. Une communauté qui se veut apolitique et sans affiliation syndicale.
Un travail de communication
A la base de ce groupe, il y a des hommes et des femmes qui ne se reconnaissaient pas dans les portraits qu'on faisait d'eux. "C'est plein de petites choses. C'est l'image de la profession dans les médias en général, sans citer personne. Et c'est aussi le regard des voisins non agriculteurs de la commune. On va à l'école, on nous pose des questions, et on se rend compte que finalement, on a un peu de travail de communication à faire", explique Adrien, un agriculteur de 35 ans installé à Ligny le Chatel, près de Chablis.
Le reportage de Delphine Martin
Dés qu'il a un moment, ce céréalier (qui vient aussi de planter de la vigne) publie donc régulièrement des messages sur Internet : "ça peut être le soir, pour regarder ce qui s'est passé dans la journée, ça peut être sur le tracteur pour expliquer un fait particulier ou pendant la journée, quand on fait le tour de nos parcelles, pour montrer un détail, un insecte, un rayon de soleil... ça peut être plein de choses", raconte l'exploitant.
Devenir producteurs de contenus
Adrien vient d'adhérer au groupe #FranceAgriTwittos et échange régulièrement avec Brice Veaulin, céréalier à Rogny-les-Sept-Ecluses, l'un des pionniers de cette communauté.
Pour ce père de famille de 37 ans, fils d'agriculteur, "l'agri-bashing" (c'est à dire le dénigrement des agriculteurs), s'explique par une déconnexion, la méconnaissance du monde agricole par toute une génération de consommateurs.
Lui aussi a écrit ses premiers tweets en 2016 parce qu'il était agacé : "Le constat qui était fait sur l'agriculture ne me plaisait pas. Ce n'était pas la réalité du terrain. Sur les réseaux sociaux principalement mais aussi dans les médias, beaucoup d'articles étaient à charge contre l'agriculture. Je me suis dit qu'il fallait qu'on reprenne notre communication en main."
Brice Veaulin, céréalier à Rogny Les Sept Ecluses
Depuis 2017, Brice Veaulin fait partie de la communauté #FranceAgriTwittos, et essaie de parler de façon positive de l'agriculture : "on fait des choses dans les champs, il faut les expliquer. Quand on sort une tonne à traiter, des fois c'est pour mettre de l'engrais, des oligoéléments, pas forcément des phytos. Et ça, il faut l'expliquer. Et même quand on met des phytos, c'est qu'il y a un intérêt. Moi, je pense que communiquer sur notre métier, en tant qu'agriculteur, ça a un intérêt. On va redonner de la visibilité à ce qu'on fait. Et en étant producteurs de contenus, on va donner une autre image".
Au fond, il s'agit de reprendre le contrôle, de ne plus laisser les autres parler pour eux, d'expliquer le métier dans toute sa complexité.
Une bienveillance revendiquée
En plus, ce réseau permet d'avoir accès plus directement, plus facilement parfois, à certains médias ou certains élus. C'est aussi un formidable outil d'entraide, qui permet à ses membres d'échanger et de rompre une certaine forme d'isolement. "La solitude s'est endurcie dans le métier", constate Brice Veaulin, "dans ma commune, il y a dix ans, il y avait une quinzaine d'exploitations. Là, on n'est plus que quatre". D'où l'intérêt de pouvoir échanger sur leurs pratiques et de partager un problème. "On échange, on s'entraide. On est dans la bienveillance, on essaye de faire attention aux autres. C'est primordial".
Et quand ils se retrouvent sur des événements, ces agriculteurs 2.0 se font même des "Twitt-Apéros"... qui n'ont (en temps normal) rien de virtuel.