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Incendies : pourquoi l'ampleur des feux de forêt diminue-t-elle en France ?
Les surfaces boisées brûlées par des incendies ont diminué ces deux dernières années en France. Une tendance qui s'explique par les politiques de prévention et de lutte des pompiers. Aujourd'hui, 95% des feux sont stoppés avant d'atteindre un hectare, explique l'un des porte-paroles des pompiers.

Ces deux dernières années, les feux de forêts ont fait beaucoup moins de dégâts que les précédentes en France. En 2018, année particulièrement calme, 3.000 hectares de forêts ont été détruits. Cette année, d'après les données du site gouvernemental Prométhée , la surface détruite est pour le moment de 4.000 hectares. C'est plus que l'an dernier, mais beaucoup moins que les 12.000 hectares brûlés en 2017 ou les 8.000 hectares brûlés en 2016. A titre de comparaison, au Portugal, 7.000 hectares sont partis en fumée en quatre jours la semaine dernière. Fin juin en Espagne, 6.500 hectares ont brûlé en pleine canicule.
Une tendance à la baisse qui s'explique par plusieurs facteurs : les moyens consacrés à la prévention auprès du grand public, mais aussi les techniques de lutte déployées par les pompiers, qui ont beaucoup évolué ces dernières années, explique le commandant Sylvain Besson, porte-parole des pompiers dans les Bouches-du-Rhône.
Les surfaces boisées détruites par des incendies ont baissé ces deux dernières années. Comment cela s'explique-t-il ?
Il faut d'abord rappeler que nous sommes seulement le 30 juillet, donc au milieu de l'été, à la moitié de la saison. Même si jusqu'ici la situation est plutôt calme, il peut tout à fait y avoir un feu de 500 hectares et une catastrophe demain, d'autant que la sécheresse est très sévère cette année. (NDLR : un incendie a parcouru 500 hectares de végétation dans le Gard ce mardi.)
Aujourd'hui, 95 % des départs de feux sont stoppés avant qu'ils atteignent la surface d'un hectare
L'an dernier, ç'a vraiment été calme. Les mesures de prévention auprès du grand public, mises en place depuis une trentaine d'années, portent leurs fruits. C'est après les grands incendies de 2003 qu'il y a eu une prise de conscience. Aujourd'hui, 95 % des départs de feux sont stoppés avant qu'ils atteignent la surface d'un hectare. La population, les préfets, les maires sont désormais sensibilisés. Il y a 20 ou 30 ans, on considérait que les gens qui faisaient des brûlages dans leurs jardins, ce n'était pas grave, les pyromanes non plus. Mais l'année 2003 a été charnière, avec 75.000 hectares brûlés partout en France et notamment dans le Var, avec des zones ravagées et plusieurs morts. Il y a eu une prise de conscience dans les pouvoirs publics.
La politique pénale a aussi évolué, avec des peines de prison ferme régulièrement prononcées contre les incendiaires. Avant 2003, on avait souvent des peines de prison avec sursis. Les secours sont également mieux coordonnés dans les départements, les régions et même à l'échelle européenne.
Les pompiers luttent-ils différemment contre les feux de forêt ?
Oui, la doctrine mise en oeuvre depuis une vingtaine d'années, c'est l'attaque des feux naissants. On les détecte le plus tôt possible. Cette détection se fait grâce à un réseau de vigies : des tours d'observation sont mises en place dans les massifs soumis au risque de feu. Elles sont en liaison radio directe avec le centre opérationnel des sapeurs-pompiers, et avec des véhicules de patrouille des pompiers, de l'ONF (l'Office national des forêts), et du conseil départemental qui quadrillent le terrain. Ce dispositif permet d'intervenir très précocement sur des petits départs de feu. En période de risque, les pompiers ont des groupes d'intervention prépositionnés : 18 pompiers et quatre camions de lutte avec citerne, qui peuvent pénétrer dans la forêt, sont positionnés près des massifs et près des axes routiers, pour intervenir au plus vite. Ils sont alertés par les patrouilles, mais aussi par les appels d'urgence de la population. Ces groupes permettent de limiter l'extension des feux. Pour s'adapter au mieux, chaque soir à 17h, les pompiers de chaque département reçoivent une analyse météo, qui permet de se positionner au mieux le lendemain.
Ces dispositifs sont complétés par les moyens aériens départementaux et nationaux : hélicoptères bombardiers d'eau, mais aussi 26 appareils dont 12 Canadair, 8 Tracker et trois Dash.
Les habitants des zones à risques sont-ils devenus plus vigilants ?
La politique de répression, là aussi, porte ses fruits. Les maires effectuent désormais des contrôles pour le débroussaillage, obligatoire dans les zones boisées. Davantage d'amendes sont dressées, et les assurances peuvent aussi poser problème en cas de non-respect de ces obligations. Un minimum de prise de responsabilité peut sauver une maison. On a constaté que lors d'incendies, pour deux maisons qui étaient côte à côte, l'une débroussaillée et l'autre pas, celle qui était débroussaillée n'avait pas été attaquée par les flammes, alors que l'autre avait brûlé.
La politique de reboisement des forêts a-t-elle aussi évolué ?
Oui. Après un incendie, les études menées par les différents spécialistes, notamment ceux de l'ONF, visent à mieux protéger les massifs. On replante en créant des accès pour les pompiers, on reboise avec des essences d'arbres qui sont moins soumises au risque de feu, comme les oliviers, on crée des plans d'eau. Il y a désormais une vraie logique d’aménagement. La forêt, qui avait été laissée en jachère, pas entretenue, est aussi reconsidérée dans une logique écologique et de patrimoine.
Le réchauffement climatique a-t-il une influence sur les feux de forêts ?
Oui, car jusqu'ici la période des feux de forêt durait deux mois, juillet et août. Mais de plus en plus, elle risque de s'étendre de mai à octobre, voire même toute l'année. L'an dernier, en janvier, on a eu un très gros incendie en Corse, par exemple. Les feux de forêt risquent aussi de s'étendre géographiquement vers le nord. Des départements très forestiers comme la Loire, le Jura, ou le Puy-de-Dôme, vont devenir très à risque.
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