PHOTOS - Gandalf s'oppose à Lafarge contre l'extension d'une carrière à Daubeuf
Lafarge demande le renouvellement d'exploitation de sa carrière à Muids et veut en profiter pour l'agrandir de 189 hectares sur la commune de Daubeuf-près-Vatteville. Les habitants se mobilisent contre le projet, qui selon le cimentier français, permet de pérenniser une centaine d'emplois.

Daubeuf-prés-Vatteville, France
" Vous ne passerez pas ! ", la réplique de Gandalf, dans Le Seigneur des anneaux, est sur toutes les lèvres à Daubeuf-Prés-Vatteville. Mais, dans l'Eure, pas de célèbre magicien cher à Tolkien. C'est en fait le nom choisi par une association, le Groupe d'action pour la protection du cadre de vie de Daubeuf-près-Vatteville et alentour en limites foncières, pour lutter contre le projet d'extension de la carrière exploitée par le cimentier Lafarge à Muids (27). Une enquête publique a eu lieu du 22 mai au 22 juin 2018, et à la rentrée, le préfet de l'Eure devrait rendre sa décision.
189 hectares exploités pendant neuf ans
Lafarge exploite déjà une carrière à Muids, à quelques kilomètres de Daubeuf-prés-Vatteville où l'industrielle veut investir 189 hectares, essentiellement des terres agricoles pour extraire du sable, de l'argile et du limon, ensuite transformés dans son usine de Bernières sur Seine, qui emploie une centaine de personnes. Le projet est initié depuis plus d'une dizaine d'années et a, jusqu'à présent reçu le soutien des élus locaux. Mais lors de sa dernière délibération, le conseil municipal a voté contre, une décision que ne s'explique pas Raphaëlle Lebon. La responsable du service foncier de LafargeHolcim fait part de son incompréhension : " on est plutôt surpris par la réaction, on a une commission avec des riverains et des élus, qui a lieu tous les ans, on discute de l'avancement du projet et des sujets liés à l'environnement ". L'environnement, c'est justement un des fers de lance de Gandalf, qui avance, si le projet arrive à terme "un paysage de désolation, une vue remarquable totalement défigurée, des nuisances sonores et de la production de poussières".
Avec la carrière, le village sera-t-il inondé ?
La plus grande crainte des opposants à l'extension de la carrière, c'est le risque d'inondation, notamment pour ceux qui habitent dans le bas du village. Mickaël Loriot, membre du bureau de Gandalf, explique avoir, avec la ravine à proximité, " toutes les eaux pluviales qui s'écoulent de la ravine en limite de sa propriété, après le projet, on ne sera pas loin de la catastrophe naturelle ". Chez Lafarge, on comprend l'inquiétude, mais Raphaëlle Lebon assure que les travaux vont au contraire permettre de réduire le risque d'inondation car " il n'y aura pas de connexion entre la carrière et la ravine. Avec la pente à l'intérieur de la carrière, les eaux ne pourront pas remonter et rejoindre la ravine ".
Un concours de banderoles lancé dans le village
Dans le village, les habitants rivalisent de créativité pour dire qu'ils ne veulent pas de l'extension de la carrière. En raison des nombreuses banderoles sur les maisons particulières ou les bâtiments publics, Gandalf lance un concours dont le résultat sera dévoilé le 7 septembre 2018, à la veille d'une manifestation à Évreux, où l'association devrait se rappeler au bon souvenir du préfet de l'Eure qui devrait rendre à la rentrée son avis sur l’extension de la carrière.