Pesticides : les néonicotinoïdes "tueurs d'abeilles" interdits à partir de ce samedi en France
vendredi 31 août 2018 à 19:27
À partir de ce samedi 1er septembre, les insecticides de type néonicotinoïdes sont interdits en France. Ces substances sont accusées de tuer les abeilles. Mais il existe des dérogations, notamment pour les produits anti-puces pour chats et chiens.

Après des années de controverses, les pesticides néonicotinoïdes sont interdits à partir de ce samedi en France. Cette interdiction vise à protéger les colonies d'abeilles en déclin, mais elle est dénoncée par les agriculteurs, qui réclament du temps pour développer des alternatives.
Les insecticides les plus utilisés au monde
Les néonicotinoïdes sont utilisés sur les cultures de betteraves, blé, colza, arbres fruitiers, ou encore la vigne. Ils sont utilisés pour débarrasser les cultures des chenilles, cochenilles, pucerons ou insectes mangeurs de bois.
Disponibles depuis le milieu des années 1990, cet ensemble de sept insecticides neurotoxiques sont devenus les insecticides les plus utilisés dans le monde. S'ils peuvent être utilisés en pulvérisation, en France ils servent principalement de manière préventive, en enrobant les semences. La substance est en fait absorbée par la plante et se propage à tous ses tissus, y compris le pollen.
Des insecticides "tueurs d'abeilles"
Comme tout insecticide, à certaines doses, les néonicotinoïdes tuent les insectes, donc les abeilles.
Depuis les années 2000, des scientifiques s'inquiètent du fait que même à faible dose, ces substances qui s'attaquent au système nerveux des insectes affectent les pollinisateurs : abeilles et bourdons désorientés, sperme des mâles altéré...
Les apiculteurs français constatent une hausse de la mortalité dans leurs ruches depuis l'arrivée des néonicotinoïdes. Mais "aucun élément scientifique rigoureux" ne prouve qu'ils sont la première cause de mortalité des abeilles, note le directeur scientifique de l'Institut de l'abeille Axel Decourtye.
Des dérogations possibles
Malgré l'interdiction, des dérogations sont possibles au cas par cas jusqu'au 1er juillet 2020. Elles ne seront cependant délivrées que pour des produits à base d'acétamipride, et dans de "faibles volumes", assure le ministère de la Transition écologique. Les néonicotinoïdes restent néanmoins autorisés pour les usages non phytosanitaires, comme biocides et médicaments vétérinaires, notamment les produits anti-puces pour chiens et chats.
Des dérogations inacceptables pour les ONG, qui réclament l'interdiction d'autres pesticides. "Ne nous limitons pas à cette famille. Beaucoup d'autres devraient être interdits", plaide François Veillerette, de Générations Futures.
La loi alimentation adoptée en première lecture prévoit l'extension de l'interdiction des néonicotinoïdes aux substances chimiques ayant des modes d'action identiques. Si elle est adoptée définitivement, un nouveau décret devrait compléter la liste.
Les agriculteurs affirment manquer de solution de remplacement
Les agriculteurs se retrouvent dans une impasse "dramatique", dénoncent la FNSEA et d'autres syndicats agricoles, assurant ne pas avoir de solutions de remplacement. Selon un rapport récent de l'Anses, il existe des alternatives "suffisamment efficaces, et opérationnelles", chimiques ou non chimiques, pour la grande majorité des 130 usages phytosanitaires des néonicotinoïdes.