Sècheresse : la pénurie d'eau toujours possible en Corse
Après la Haute-Corse la semaine dernière, le comité sécheresse de Corse-du-Sud s'est réuni ce mardi à Ajaccio. Les mesures de restriction d'eau sont maintenues dans tout le département.

Corse, France
Les mesures de restriction d’eau prises cet été ont permis de gagner du temps, et le risque d'une pénurie que beaucoup craignaient s'éloigne. Cela étant, si la pluie ne fait toujours pas son apparition, le seuil limite sera atteint dans un mois, voire beaucoup plus tôt dans certaines zones…
Deux zones préoccupantes
Il y a deux zones de préoccupation en Corse aujourd’hui, la première en Balagne, à Calvi où l’aquifère de la Figarella atteint des niveaux de rabattement assez préoccupants avec des risques d’intrusion saline. Il est impératif de réduire les prélèvements sur cette source souterraine. La deuxième zone de préoccupation, la plus forte actuellement, est bien la plaine orientale. S’il n’y a pas de précipitations significatives dans les dix jours, il n’y aura d’autre choix que d’opérer à des mesures drastiques de réduction de la consommation de façon à répartir les seules ressources disponibles d’ici là.
Le cas agricole
Les différents arrêtés de restriction d'eau ont porté leurs fruits, et ont permis de gagner près d'un mois de réserve dans la plupart des micro régions, mais ce n'est pas le cas partout, dans la plaine orientale, le seuil critique sera donc atteint dans dix jours, la plaine où la quasi-totalité de l'eau est consommée par des agriculteurs. Henri Politi, chef du service exploitation à l'office hydraulique de Corse. « Les seules consommations que nous constatons en plaine orientale, sur la zone partant des portes de Bastia jusqu’à Ventiseri, sont exclusivement dédiées à l’agriculture avec de l’eau d’agrément pour l’arrosage des potagers. On peut considérer que plus de 80 % de la consommation d’eau en plaine orientale à partir des réseaux de l’office sont dédiés à la consommation agricole. »
Poursuite des restrictions
Romain Delmon, directeur de cabinet du préfet de Corse-du-Sud : « On vit toujours un été exceptionnellement sec. Au mois d’août il est tombé seulement 4% de la normale en termes de précipitation. Grâce aux efforts des partenaires, du comité sècheresse mais aussi des maires sur le terrain, et des professionnels le monde agricole, les stations de nettoyages, on voit que pour le risque de coupure qu’on estimait début juin à fin septembre on a gagné un mois, le risque apparait plutôt début novembre. Cela ne veut pas dire qu’il faut cesser les efforts, nos calculs intègrent la fin de la saison touristique et s’il n’y a pas d’eau qui tombe on peut avoir des coupures au mois de novembre. »
Sans aucune nouvelle pluie conséquente attendue donc, le monde agricole va se retrouver en pleine crise également et les autorités ont décidé de prendre les devants. « A la demande de la chambre d’agriculture la préfecture de Corse-du-Sud a lancé le travail qui mène à la reconnaissance de calamité agricole pour sècheresse en lien avec la chambre. On va continuer de travailler de manière très étroite avec la chambre pour analyser et essayer d’anticiper les difficultés qui pourraient naître dans le monde agricole. »
Le critère principal d'une reconnaissance de calamité agricole est le côté exceptionnel d'une situation, ce qui est le cas cette année dans l'île, mais les démarches seront longues.