200 photos de la propagande hitlérienne exposées au Pavillon Populaire de Montpellier jusqu'en septembre
C'est une première en France et quasiment en Europe : le Pavillon Populaire de Montpellier accueille à compter de ce mercredi, et jusqu'au 23 septembre prochain, une exposition photographique avec pour seul et unique personnage central Adolf Hitler. Un pari osé, mais qui n'est pas dénué de sens.

"On n'expose pas Hitler, mais on expose son photographe officiel. C'est complètement différent." Gilles Mora, directeur artistique du Pavillon Populaire de Montpellier pèse ses mots. Car l'exposition qui ouvre ce mercredi, et jusqu'au 23 septembre prochain, ne doit pas être mal interprétée. "Un dictateur en images" propose en effet de découvrir près de 200 photos réalisées par Heinrich Hoffman, le photographe officiel du dictateur nazi. De celles prises dans sa prison de Landsberg en 1924 à la toute dernière, réalisée en avril 1945, alors qu'Adolf Hitler découvre les décombres de la chancellerie allemande détruite par les forces alliées.
"L'exposition analyse les rapports entre la photographie et la propagande. Pourquoi Hitler ? Car tous les documents historiques proviennent d'Heinrich Hoffman, son photographe officiel, mais on ne s'est jamais posé la question de savoir comment ces documents ont été réalisés", explique Gilles Mora, invité de France Bleu Hérault ce mercredi matin.
Comme d'autres chefs d'État de l'époque, Hitler avait compris en effet que la photographie était un moyen très efficace de servir sa propre propagande.
Gilles Mora, invité de France Bleu Hérault ce mercredi matin.
"Regarder le diable dans les yeux"
"Le but c'est de montrer à quel point la photographie est un univers dans lequel on projette les images qu'on veut voir, et pas du tout celles de la réalité. C'est une construction mentale au même titre que la littérature, précise Alain Sayag, le commissaire de l'exposition. S'intéresser à cette figure du mal absolu qu'est Hitler, c'est regarder le diable dans les yeux et donc de voir comment la fascination du diable peut s'exercer, comment ce système a pu se mettre en place."
Deux clichés parlants
Lors d'une visite de Mussolini, le dictateur italien, à Munich en 1937, on distingue sur la photo originale que ce dernier marche devant, alors qu'Hitler semble lui emboîter le pas. Inconcevable, pour le régime nazi qui a alors chargé Heinrich Hoffman de trouver un moyen de modifier la photo. En retournant simplement le négatif, la photo remaniée montre alors le dictateur nazi bien devant Mussolini, comme si celui-ci mettait finalement ses pas dans ceux d'Hitler.

Cautions morales
Dès que l'idée de cette exposition a germé dans l'esprit des responsables du Pavillon Populaire, ces derniers ont aussitôt tenu à obtenir l'aval des élus, mais aussi de plusieurs personnalités importantes dans ce domaine. "Le directeur du Mémorial de la Shoah, Jacques Fredj, a aussitôt cautionné notre initiative et compris que cela participait à un devoir de mémoire" poursuit Gilles Mora.
Johann Chapoutot, professeur d'histoire contemporaine à la Sorbonne et spécialiste reconnu du nazisme, a également apporté sa contribution dans le décryptage de plusieurs de ces documents photographiques. Il écrit quant à lui que "parler, captiver, subjuguer, par un art oratoire consommé, c'est la seule chose qu'Hitler saura faire de toute sa vie".
Une autre exposition sur les ghettos
Parallèlement à l'exposition "Un Dictateur en Images", le premier étage du Pavillon Populaire accueille aussi une exposition bouleversante intitulée 'Regard sur les Ghettos". Une mise en opposition de photographies prises par la propagande du IIIe Reich à l'intérieur des ghettos juifs et de clichés interdits issus des populations martyrs, notamment celle du ghetto de Varsovie, l'un des plus atroces et les plus meurtriers.
Une exposition qui rassemble près d'une centaine de clichés. Le tout à découvrir, gratuitement, jusqu'au 23 septembre.

