« Astérix est une représentation du monde contemporain » pour l'universitaire grenoblois Nicolas Rouvière
Jour J pour la sortie du nouvel album d’Astérix « La fille de Vercingétorix », signé par le duo Ferry-Conrad et tiré à 5 millions d’exemplaires. Nicolas Rouvière, universitaire et critique de bande-dessinée, nous parle de ce phénomène qui ne désemplit pas.

Deux ans après « Astérix et la Transitalique », l’un des personnages préférés des Français est de retour dans « La fille de Vercingétorix ». Et chaque sortie est un événement, preuve d’une transmission générationnelle : « Astérix est devenu un symbole national, un miroir d’identification. C’est la lutte du petit contre le fort », analyse Nicolas Rouvière*, maître de conférence à l’Université Grenoble-Alpes et critique de bande-dessinée.
Astérix est un miroir de notre société
En attendant de découvrir l'album, analysons la couverture qui fait déjà beaucoup causer. On y voit Adrénaline, la fille de Vercingétorix, une adolescente rebelle qui sème la pagaille dans le village. Une référence à la BD « Astérix et les normands », parue en 1966 ? « Il y a la même mise en scène, avec la plage et le ciel assombri. En 1966, il y avait aussi ce jeune homme très peureux, qui roulait en Ferrari antique, avec des cheveux longs et une chaîne en or », se rappelle M. Rouvière. Preuve qu’entre 1966 et 2019, les adolescents ont bien changé.
Parmi les copains d’Adrénaline, il y a aussi Selfix, qui sonne comme un clin d’œil à cette mode du selfie et qui met en avant un nouveau type de langage, plus jeune. Pourtant, les visages de Churchill ou du Général de Gaulle apparaissent aussi dans certains dessins. C’est donc ça, Astérix, le grand écart pour que chacun y trouve sa référence : « Astérix est une représentation du monde contemporain, de l’Europe moderne dans un cadre antique. Il y a beaucoup de clins d’œil, de clichés, ça fait partie de la charte de la BD », conclu l’universitaire.
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*auteur de "Le complexe d'Obélix" aux PUF en 2014.