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Covid-19 : inquiétude et colère des professionnels du spectacle

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L'annonce par le Premier ministre du retour des jauges pour les concerts assis et la fin des concerts debout secouent de nombreux professionnels de la musique. Ils se disent étranglés financièrement par les restrictions. La ministre de la Culture assure que le secteur n'est pas "sacrifié".

Les concerts debout seront interdits à partir du 3 janvier pour trois semaines (illustration). Les concerts debout seront interdits à partir du 3 janvier pour trois semaines (illustration).
Les concerts debout seront interdits à partir du 3 janvier pour trois semaines (illustration). © Radio France - Lionel Le Saux

Grand Corps Malade, Julien Doré ou encore Eddy de Pretto : depuis l'annonce, lundi, par le Premier ministre, du retour des jauges pour les concerts assis et la fin des concerts debout, de nombreux professionnels de la musique font part de leur incompréhension et de leur colère. "Inéluctablement, les tournées, des concerts vont être annulés ou reportés", a affirmé ce mardi 28 décembre sur franceinfo Aurélien Binder, vice-président du Prodiss, le syndicat national du spectacle musical et de variété. "On est à bout de forces. Nos artistes, nos techniciens, nos personnels n'en peuvent plus de devoir orchestrer des reports systématiques, alors même que nous avions mis en place le pass sanitaire (...) avec beaucoup de responsabilité", a-t-il regretté.

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Respecter la jauge de 2.000 personnes en intérieur "n'est pas tenable" a-t-il insisté. "Quand vous avez plus de 2.000 personnes qui ont acheté des billets, vous vous retrouvez avec des concerts où vous allez devoir arbitrairement dire à des gens de ne pas rentrer dans une salle de spectacle (...) choisir arbitrairement qui pourra et qui ne pourra pas rentrer dans cette salle. C'est absolument injouable, détestable ! Donc, ces concerts, dans ces conditions-là, seront purement et simplement annulés ou reportés", a-t-il expliqué. 

"80% de pertes de chiffres d'affaires en 2021"

Selon ce syndicat, les "pertes de chiffre d'affaires du secteur sont estimées à 80-85% en 2021". "Nos entreprises sont fragilisées", a souligné Malika Seguineau auprès de l'AFP, "on nous dit que ces mesures sont pour trois semaines, mais on n'a aucune certitude".  Et de marteler : "Dans notre secteur, on ne redémarre pas en 48 heures, il faut relancer l'intégralité de la machine et réhabituer le spectateur à revenir dans nos lieux". 

"Cela fait déjà trois fois qu'on reporte pour Gad (Elmaleh), ça devient compliqué, on ne peut pas reporter en 2023", a assuré Angelo Gopee, patron de Live Nation France, structure majeure du spectacle vivant, à l'AFP. "Certaines tournées ne sont amorties qu'à partir d'un certain nombre de dates, cinq dates annulées c'est 500.000 euros de pertes dans certains cas".

"L'État va demeurer aux côtés de ceux qui seront impactés par ces nouvelles mesures", a promis dès lundi soir la ministre de la Culture Roselyne Bachelot sur Twitter. 

Désillusion 

Le coup est d'autant plus rude que le secteur croyait être à l'abri de nouvelles restrictions depuis le concert-test d'Indochine au printemps dernier. La présence "à un concert n'a pas été associée à un sur-risque de transmission du (Covid-19) lors d'un concert en configuration debout, sans distanciation physique, chez des personnes masquées avec un test antigénique négatif dans une salle fermée", constatait à l'époque l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP).

Selon Sophian Fanen, journaliste spécialiste du secteur, "le problème des concerts debout, c'est le bar. Le concert-test d'Indochine a prouvé que masque, pass-sanitaire et bar fermé évitaient la circulation du virus. C'est triste un concert comme ça mais c'est mieux que de mettre à terre la culture".  

Polémique au sujet des meetings politiques

Ces restrictions (2.000 personnes maximum en intérieur et 5.000 en extérieur) ne s'appliquent pas aux meetings, "les activités politiques et électorales étant soumises à des dispositions spécifiques dans notre droit constitutionnel qui leur assurent (...) une protection encore plus forte" a précisé lundi le Premier ministre Jean Castex.

Une situation dénoncée sur les réseaux sociaux par plusieurs artistes, dont Julien Doré. "Je suis donc candidat aux élections présidentielles, tous mes meetings sont maintenus" a aussi ironisé Grand Corps Malade sur ses réseaux sociaux. Même ton chez Eddy de Pretto : "J'organise des meetings ici", a-t-il posté au-dessus de son calendrier.

Maintenir les meetings de la campagne électorale, "c'est un manque de respect" a dénoncé Angelo Gopee, patron de Live Nation France, structure majeure du spectacle vivant, auprès de l'AFP.  "Des décisions qui interpellent quand on sait que la culture est un pilier de la démocratie, autant que peuvent l'être les meetings politiques", a pour sa part réagi la Sacem (Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique).

Soucieuse d'éteindre la polémique, la majorité présidentielle a annoncé que les jauges s'appliqueront dans les meetings LREM. "Les règles constitutionnelles ne permettent pas de fixer des jauges aux réunions politiques. Mais évidemment la majorité présidentielle s'imposera de respecter les jauges fixées dans tous ses événements", a annoncé sur Twitter le président de l'Assemblée nationale Richard Ferrand.

Le gouvernement se défend

Face à ces nombreuses critiques, le gouvernement se veut rassurant. Invitée de RTL ce mercredi 29 décembre, la ministre de la Culture assure que le secteur n'est pas "sacrifié" par ces nouvelles restrictions. "La culture continue", affirme Roselyne Bachelot. La ministre explique que les dernières annonces gouvernementales permettent à "l'immense majorité des théâtres et salles de spectacles" de continuer leur activité.

"Ce qui menace la culture, c'est la pandémie, pas les mesures gouvernementales"

La ministre explique que l'exécutif est "dans une démarche d'anticipation pour faire en sorte que l'épidémie de variant Omicron ne nous submerge pas et protéger ainsi le monde de la culture".

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