Dominique Pitoiset, directeur de l'Opéra de Dijon : "L'Auditorium est plus sécurisé que la rue de la Liberté"
Après 13 ans de mandat à la tête de l'Opéra de Dijon, Laurent Joyeux raccroche, remplacé depuis le début de l'année par le comédien et metteur en scène dijonnais Dominique Pitoiset, qui reprend les rênes d'une institution culturelle qui crève d'envie de rouvrir ses portes au public.
Un vent de changement souffle sur la scène de l'Opéra à Dijon, avec la prise de fonction de Dominique Pitoiset depuis le 1er janvier. Une transition qui s'opère dans un contexte social légèrement tendu au sein de l'institution, et une situation sanitaire très particulière, avec la fermeture prolongée des lieux de culture en raison du Covid-19. Le nouveau directeur n'attend pas d'ailleurs grand chose des annonces de Jean Castex ce jeudi si ce n'est un cap.
"Ce que nous attendons ce soir, c'est un terme. C'est-à-dire à partir de quand nous pourrions envisager de nous projeter ? Si ce n'était pas le cas, nous prendrions notre destin en main. Je pense que désormais les choses sont dites, le "stop and go" devient insupportable, nous avons des abonnés qui retirent la totalité de leur abonnement."
Tout homme bien portant peut se passer de manger pendant deux jours, mais de l'art, jamais !
Se projeter, malgré le contexte, c'est là toute l'ambition et l'ambivalence de cette période épidémique. Mais Dominique Pitoiset sait pouvoir compter avec celles et ceux qui font l'Opéra de Dijon au quotidien. "J'arrive dans une entreprise qui ne souhaite qu'une chose, c'est de reprendre le travail et d'ouvrir ses portes à nos publics, dans des conditions sanitaires qui peuvent être tout-à-fait sereines. Nous travaillons à des mesures qui pourraient être des mesures d'accueil de groupes constitués, des groupes de jeunes, d'étudiants.
Le spectacle coûte que coûte, pour reprendre goût à la vie en communauté, le voilà l'objectif du nouveau directeur : "Ce que nous apprend la crise du coronavirus, c'est que nous sommes nous êtres humains des animaux sociaux, et que la vie collective nous manque. L'art est vraisemblablement la voie royale pour circuler à double sens entre ces problématiques sociales et le plus intime. Je prends comme préalable ce que disait Baudelaire à propos de de la poésie, c'est que tout homme bien portant peut se passer de manger pendant deux jours, mais de l'art, jamais ! "
Un opéra de proximité
Souvent critiqué pour son élitisme supposé, l'Opéra de Dijon version Pitoiset compte s'appuyer sur les partenariats locaux pour séduire les sceptiques. "J'ai rédigé un projet de proximité, ambitieux, de relance, et de considération." Un projet qui prend en compte "deux salles, l'Auditorium et le grand Théâtre, et d'autres lieux encore."
Taxé d'élitisme, l'opéra peut et doit opérer sa mue et se rapprocher des curieux : "Il faut privilégier les réseaux courts, comme dans d'autres secteurs. Nous avons avec la région, des projets délocalisés hors-les-murs, et nous saurons privilégier l'alternance entre les grandes formes et les formes plus modestes. Il y a une volonté également d'être en relation avec les formations dans d'autres domaines de l'art vivant, donc une vraie stratégie de partenariats."