EN IMAGES - Dans les coulisses de l'Opéra-théâtre de Metz-Métropole
Cette salle mythique au cœur de Metz héberge à la fois des spectacles lyriques, des ballets et du théâtre. Mais elle abrite aussi de multiples secrets. Pour l'Eté Lorrain, France Bleu Lorraine a joué les petites souris - ou plutôt les petits rats - dans les coulisses de l'opéra.
Vous l'avez sans doute déjà admiré de l'extérieur, sa majestueuse silhouette qui se dessine au milieu de la place de la Comédie, à Metz. Mais avez-vous déjà poussé ses portes, comme 25.000 spectateurs chaque année ? Dans "l'Eté Lorrain", France Bleu Lorraine va plus loin, et vous emmène dans les coulisses de l'Opéra-théâtre de Metz-Métropole : dans les ateliers, à la régie, dans les salles de répétition, et jusque dans les cintres, tout en haut, au-dessus de la scène.
L'un des plus vieux théâtres de France
"Il est coutume de dire que c'est l'un des plus vieux théâtres de France encore en activité", explique, non sans fierté, Paul-Emile Fourny, le directeur de l'opéra. Et c'est vrai : il a été inauguré en 1752, "et contrairement à d'autres théâtres construits en même temps que lui, il n'a jamais brûlé en intégralité", sourit Solenne Dumont, chargée des publics, qui décrit "un projet très ambitieux, à l'époque, pour qu'on parle de Metz à l'extérieur".
Les coulisses de l'opéra, épisode 1 : l'un des plus vieux théâtres de France
Petite anecdote : à l'époque, "le roi a encore sa tête", poursuit Solenne Dumont, donc les couleurs de la décoration sont bleu et or, et pas rouge et or comme on l'imagine traditionnellement dans un théâtre. A l'époque, on s'entasse : presque 1.400 places à l'origine, contre 750 en capacité maximale aujourd'hui.
Cet opéra, c'est un "_éléphant, qui avance lentement mais sûrement"_, dit Paul-Emile Fourny : "Une centaine de salariés, et 600 contrats d'intermittents par saison (...) une programmation se travaille deux à trois ans à l'avance."
A la rencontre du chœur
L'Opéra-théâtre de Metz-Métropole abrite un chœur permanent : 24 chanteurs, douze femmes et douze hommes, qui travaillent toute l'année, à temps plein. "Tous les jours, il y a des répétitions, explique Nathalie Marmeuse, soit en studio pour préparer musicalement les ouvrages, soit avec le chef d'orchestre qui prend le relais pendant les productions d'opéra."
Les coulisses de l'opéra, épisode 2 : à la rencontre du chœur
Dans le chœur, pas de journée-type, explique Thomas Roediger, chanteur dans le pupitre de basse : "nous commençons par déchiffrer les partitions, les apprendre par cœur, ensuite, on répète souvent la même scène, sans maquillage, sans lumières, sans costumes, et ensuite, on a une période de mise en scène, et puis après, le spectacle. C'est là que la magie opère." "On vit souvent des moments très forts, drôles, inattendus", renchérit Nathalie Marmeuse.
On trouve tous les âges dans le chœur, car sur scène, "il est sensé représenter les gens, jeunes, vieux, de tous les physiques. Cette diversité est intéressante - intéressante aussi musicalement, pour la couleur du chœur," explique-t-elle, en insistant sur le fait que ce sont des professionnels "qui continuent toute leur vie de prendre des cours de chant, de travailler, de s'améliorer."
A la découverte du ballet
L'Opéra-théâtre abrite aussi un ballet à demeure, composé de sept danseuses et sept danseurs, et dirigé par la maître de ballet, Laurence May-Bolsigner, elle-même ancienne danseuse dans la maison. Elle insiste sur le fait que les danseurs sont des "sportifs de haut niveau", en décrivant leur journée : une "classe" de 10h à 11h30, qui fait office d'échauffement, puis, de midi à 17h, soit de la chorégraphie, soit de la répétition, avec des horaires qui varient évidemment pendant les spectacles.
Les coulisses de l'opéra, épisode 3 : à la découverte du ballet
C'est l'un des plus petits ballets d'opéra de France : il n'y a donc pas de hiérarchie, pas de danseuse étoile ou de choryphée. "Cela permet à chacun de danser plein de rôles", explique Laurence. Son conseil à un enfant qui voudrait devenir danseur ? "Surtravailler", tout simplement. "Il faut être le meilleur du meilleur. Dans une audition, c'est à un rien que cela se joue." Et savoir faire autre chose que danser : chanter, jouer la comédie...
Avec ses danseurs, Laurence aborde aussi très vite la question de l'après : "Un danseur commence très tôt, mais finit aussi très tôt : à 40 ans, on est déjà vieux pour un danseur, alors qu'on n'est pas vieux dans la vie. Il faut s'y préparer". Beaucoup de danseurs continuent d'ailleurs de travailler à l'opéra, comme Laurence, ou en tout cas dans le milieu artistique.
Des costumes et des décors "maison"
Des portants chargés de robes chamarrées, de velours chatoyant, de tulle et de froufrous, ou au contraire, de tenues sobres et contemporaines, des cartons d'accessoires marqués "La Bohème", "Cendrillon" ou "Carmen" : bienvenue dans la réserve des costumes. Ici sont entreposés tous ceux des productions passées. Certains ont été rangés là juste avant l'été, mais d'autres sont très anciens : il y en a qui datent de l'Occupation !
Dans les coulisses de l'opéra, épisode 4 : Des costumes et des décors "maison"
Ils sont confectionnés sur place, sur mesure, même si les danseurs et les chanteurs ne les gardent jamais ensuite. Une maquette est d'abord dessinée, en lien avec le metteur en scène, les tissus sont choisis, commandés, puis réalisés ici, à Metz. C'est aussi le cas des décors, fabriqués juste derrière la scène.
L'opéra-théâtre dispose d'un atelier menuiserie, où travaillent trois personnes, dont Gérard Moujeon, le responsable de la construction des décors. "La chose la plus folle que l'on aie eu à réaliser, se souvient-il, c'est un lustre immense, six mètres de diamètre, six mètres de long, sur rails, avec des bougies d'un mètre de diamètre, et les gens montaient dessus !" Ensuite, ce sont des peintres, intermittents, qui prennent le relais. Ils sont capables de donner une patine aux décors, de créer l'effet de l'ancien, du réel, bref, de faire un peu de magie. L'avantage est que ces décors voyagent ensuite avec les productions, quand elles sont données en dehors de l'opéra. Le savoir-faire messin s'exporte.
La cheffe d'orchestre des coulisses
Pour que le spectacle commence, il faut aussi un véritable travail de fourmi en coulisses. Que se passe-t-il derrière la scène quand les lumières s'éteignent et que le rideau se lève ? Pénélope Bergeret est régisseur de scène : c'est la "cheffe d'orchestre des coulisses". Elle est là du début des répétitions jusqu'à la dernière représentation.
Dans les coulisses de l'opéra, épisode 5 : la cheffe d'orchestre des coulisses
Elle est chargée de donner les "tops" aux artistes, figurants, techniciens, elle coordonne les levés et les baissés de rideau, les effets de lumière, vidéo, sonores, les changements de décor... Tout un monde qu'elle gère depuis la régie, un tout petit poste sur un côté de la scène, via des signaux luminaux et un "intercom" qui lui permet de communiquer verbalement.
Elle doit avoir des yeux partout, à la fois sur sa partition, sur la scène et en coulisses : "C'est très stressant, c'est du direct, on n'est jamais à l'abri d'un accident (...) mais une fois que je maîtrise un spectacle, c'est quand même vachement agréable : on ne me voit pas, mais on voit tout ce que je fais..."
La saison 2019/2020
La saison prochaine est marquée par trois anniversaires : les 200 ans d'Offenbach, mis à l'honneur avec l'opéra-bouffe "La Vie Parisienne" en décembre, le 250ème anniversaire de Beethoven, qui sera célébré dans un ballet, une création, "Indicible Beethoven", en mars, et bien sûr les 800 ans de la cathédrale de Metz : pour fêter ça, l'opéra monte "Giovanna d'Arco", de Verdi, en juin, un ouvrage extrêmement rare.
Cette histoire de Jeanne d'Arc fait le lien avec un autre thème, beaucoup plus douloureux, mis en avant cette saison : les violences faites aux femmes, avec en tout trois oeuvres de Verdi : "Giovanna d'Arco", donc, mais aussi "Rigoletto", qui est l'histoire d'une fille recluse, en septembre, et "La Traviata", histoire d'un harcèlement moral, en février. En ballet, "La Dame aux Camélias", en novembre, est le miroir de "La Traviata", et en théâtre, "Les Noces de Sang", le même mois, et "Camille Claudel", en mars, font aussi écho à la thématique.
A noter que plusieurs rendez-vous sont gratuits, si vous voulez découvrir l'opéra : il y a des répétitions publiques, des rendez-vous découvertes, et bien sûr, les Journées du patrimoine et l'opération Tous à l'Opéra. Retrouvez les infos et la programmation sur le site de l'Opéra-théâtre.