La foule chasse Napoléon d'Avignon le 25 avril 1814
À quelques jours du bicentenaire de la mort de Napoléon, retour sur le passage mouvementé de Napoléon vers son exil sur l'île d'Elbe en 1814. La foule veut s'emparer de Napoléon à Avignon.
Le 5 mai, on célébrera le bicentenaire de la mort de Napoléon. Emmanuel Macron a souhaité commémorer cet anniversaire malgré les polémiques autour de l'empereur. Pour certains historiens, Napoléon a été fondateur de l'État moderne avec le code civil. Pour d'autres, l'empereur était un esclavagiste misogyne.
Napoléon a aussi été marqué par son passage à Avignon le 25 avril en 1814. La foule agresse son convoi au relais de ses chevaux porte Saint Lazare.
Écusson maculé de boue pour le retour de Napoléon à Avignon
Napoléon connaît déjà bien Avignon. Il était resté plusieurs semaines en 1793, jeune capitaine. Il était hébergé rue Joseph Vernet et c'est là qu'il avait écrit un pamphlet, le Dîner de Beaucaire. L'ouvrage avait été remarqué par Robespierre, mais en 1814, lorsque Napoléon est en exil vers l'île d'Elbe, l'accueil n'est plus le même ce 25 avril.
L'avant-garde de son convoi est agressée par les Avignonnais le 24 avril. Trois voitures aux armes impériales arrivent au relais place de la Comédie (actuelle place Crillon) à Avignon. La foule cherche l'empereur, enlève les aigles impériaux et macule de boue l'écusson impérial. Les voitures repartent. Un membre de l'avant-garde lâche que Napoléon arrivera "dans la nuit ou le lendemain matin".
La foule agresse l'équipage de Napoléon porte Saint-Lazare
L'avant-garde de Napoléon arrive à Avignon à quatre heures du matin. Pour protéger l'empereur de la foule, le maire d'Avignon décide de déplacer le relais des chevaux à l'extérieur des remparts, porte saint-Lazare.
Lorsque les trois attelages de Napoléon arrivent à Avignon deux heures plus tard, la foule est déjà là, haineuse. Des insultes et des pierres volent. Un homme a la main sur la poignée de la voiture pour sortir Napoléon. Le capitaine Montagnac de la garde d'Avignon repousse la foule à la baïonnette. Les attelages repartent. Napoléon aurait mis - parait-il - la tête à la portière pour crier "bien obligé" au capitaine Montagnac.
Changement d'uniforme pour voyager incognito
Une fois reparti, l'Empereur aurait dit au général Bertrand: " Diable ! Je ne croyais pas que les Avignonnais eussent la tête si chaude ! " Napoléon profitera d'un autre relais entre Avignon et Orgon, pour enfiler l'uniforme autrichien d'un officier de sa garde et voyager incognito et au calme.
- Pour aller plus loin : on trouve sur Gallica, le site de la Bibliothèque nationale de France, une image de l'agression porte Saint-Lazare à Avignon et le récit du capitaine Le Moine du passage de Napoléon à Avignon en 1814.