Destination La Margeride, sa nature et ses artisans
C’est la destination à découvrir cette année. La Margeride, région du nord du département de la Lozère, est arrivée en tête du classement des destinations 2020 établi par le journal Le Monde.

C’est la destination à découvrir cette année. La Margeride, région du nord du département de la Lozère, est arrivée en tête du classement des destinations 2020 établi par Le Monde. À quelques jours des vacances scolaires, Saïd Makhloufi a passé tout un week-end au cœur de La Margeride. Une plongée aux confins de la Lozère.
La réserve des bisons d’Europe à Sainte-Eulalie-de-Margeride
C’est ici sur des centaines d’hectares que commence notre plongée au cœur de La Margeride. Installées dans une calèche, tirée par des chevaux, nous partons à la rencontre du plus grand mammifère d’Europe. Ce sont les rares survivants d’une espèce disparue en France au VIIIe siècle. C’est Jade qui assure la visite, elle est guide à la réserve des bisons : "La visite va durer une heure au cœur du parc avec les bisons autour de nous. La réserve a été créée en 1991. Le premier pensionnaire du parc animalier fut offert par Lech Walesa à François Mitterrand au début des années 90. Sur plus de 200 hectares d’espaces naturels forestiers, les bisons évoluent en semi-liberté au cœur d’une faune diverse et variée, la réserve sauvage est dotée de passages aménagés qui favorisent la circulation des autres animaux sauvages (cerfs, chevreuils, sangliers, lièvres…)."
Dans la calèche un couple blotti l’un contre l’autre, une couverture sur les genoux. Tous deux sont émerveillés par la balade : "Je suis trop contente, sourit Chloé. Je voulais absolument faire cette balade sous la neige et aujourd’hui il neige. Quand j’étais petite, mes parents m’avait fait découvrir le parc et aujourd’hui, je voulais partager ça avec mon chéri. C’est tellement féerique."
Le reportage de Said Makhloufi


La visite se poursuit toujours aux côtés du Jade : "Le bison d’Europe est plus élancé et son port de tête plus relevé que celui de son cousin d’Amérique. La Margeride, avec un climat assez rigoureux et un territoire fortement boisé, qui convient bien aux bisons d’Europe." Notre balade en calèche au parc à bisons est terminée, mais La Margeride réserve encore bien des surprises.
La Baraque des Bouviers

La nuit tombe, le vent glacial redouble d’intensité et la neige continue de tomber. Pour passer la nuit à la chaude direction la Baraque des Bouviers, station de pleine nature à quelques kilomètres de Grandrieu. J’ai décidé de passer la nuit ici. Au milieu d'une forêt de hêtres et d'épicéas, ce hameau de 24 chalets est le lieu idéal pour découvrir La Margeride.
En été, on peut partir à pied ou à VTT découvrir lacs, forêt et faune sauvage (le parc des loups du Gévaudan, la réserve des bisons d’Europe). L'hiver, 30 à 50 km de pistes de fond entretenues permettent de longues balades à ski de fond ou avec raquettes à neige. Pour ma part, c’est une soirée au coin du feu qui m’attend et demainn nous irons taper à la porte de la reine du chocolat à Langogne.

Une chocolatière à Langogne
Au cœur du centre-ville de Langogne, des petites mains s’affairent dans un local qui sert de laboratoire. Sylvie Faucher est en plein travail : elle fabrique minutieusement des tablettes de chocolat, avec des noisettes posées à la main.
Obstinée, curieuse, gourmande, Sylvie quitte jeune sa Lozère pour faire ses études en hostellerie/restauration. Sa rencontre avec Jean-Claude Briet, un chocolatier de grand renom, lui ouvre le monde magique du chocolat. Douze années chez Bernachon à Lyon lui font côtoyer Paul Bocuse et Alain Ducasse. Une passion est née !

À l’été 2011, elle s’installe dans son pays natal, à Langogne, dans un magasin appartenant à ses parents, place de la Halle, et sa boutique s’appelle "Secret de cacao". Sylvie connaît tous les secrets de ce produit dont elle choisit avec soin l’origine : Madagascar, Sao Tomé, Pérou, Brésil, République Dominicaine, Equateur, Vietnam. Son produit phare : "Le N°5 de Sylvie". Elle décline des chocolats à l’effigie de Langogne avec le blason de la ville.
"J’ai un chocolat à la verveine de Velay, un autre au miel de bruyère de la Margeride."
À 42 ans, Sylvie Faucher est la seule maître chocolatière de Lozère. Un retour aux sources qu’elle explique : "C’est un pays où je me ressource, c’est la nature La Margeride. J’adore La Margeride, c’est un pays caché qui a encore plein de chose à nous faire découvrir. Revenir ici à Langogne était inespéré pour moi. Il y a beaucoup de difficultés notamment économique en Lozère, mais ici les gens en veulent plus. Il y a des gens d’exceptions en Margeride. La Lozère n’est pas une terre de misère au contraire. Vivre et travailler ici ne m’empêchent pas de vendre mes chocolats jusqu’au Japon."

Des artisans brasseurs à Saint-Chely-d’Apcher
Comme Sylvie, les artisans d'exception ne manquent pas en Lozère. C’est un couple cette fois qui a fait le choix de revenir à la maison. À Saint-Chely-d’Apcher, Gwendoline Boutet et son compagnon, Florian ont commencé il y a un an la fabrication de bière artisanale.
C’était une évidence, explique Gwendoline : "on voulait finir notre vie ici et finalement on a décidé de la construire en Lozère. La qualité de vie est parfaite ici". Le couple de brasseurs organise des visites pour partager leur savoir faire : "C’est l’aspect pédagogique qui nous intéresse aussi, apprendre aux gens comment on fabrique de la bière."

La Margeride, terre de contes et légendes, de Gargantua à la bête du Gévaudan, ne laissera personne indifférent. Entre le chaos de granite et le forêt à perte de vue, une sensation d’immensité vous envahit. Les chemins de randonnée sont vastes et nombreux (Compostelle, Stevenson), les cols sont mythique. À 1.454 mètres d’altitude au col du Cheval mort, on raconte qu’un cheval tirant une charrette fut gelé debout et transformé en statue de glace par le blizzard.
Mais la force de La Margeride, ce sont ces habitants qui chaque jour font vivre ce désert de roches. La Margeride, ce paradis du silence où l’on peut se perdre sur des sentiers inexplorés avec pour seul compagnon le son de la nature.
